Le picage est multifactoriel - La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019

RECHERCHE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Le projet Casdar Épointage a déterminé les facteurs associés au picage sévère en élevage de poules pondeuses.

L’épointage, un traitement appliqué sur moins d’un tiers de la partie supérieure du bec d’une poule par rayonnement infrarouge pour éviter le picage sévère, est fortement remis en question par la société. Si plusieurs pays européens ont déjà interdit cette pratique, en France, elle est quasi-systématique en élevages de poules pondeuses. Dans ce contexte, l’Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (Itavi) a mené un projet Casdar, de 2015 à 2018, sur les alternatives possibles à l’épointage. Conclusion : le picage est multifactoriel, nécessitant une conduite d’élevage appropriée pour le contrôler. « C’est un comportement naturel d’exploration de l’environnement pour la poule », explique Amandine Mika, qui a participé au projet pour l’Itavi. Il devient problématique dès lors qu’une agressivité entre congénères se manifeste, à l’origine d’un arrachage de plumes, de lésions cutanées, voire de cannibalisme dans les cas extrêmes. « Ce picage dit sévère, une fois installé, est difficile, voire impossible, à faire disparaître. L’objectif sera alors de le maîtriser. »

L’enrichissement n’est pas suffisant

Dans le contrôle du picage, l’enrichissement du milieu de vie joue un rôle. En élevage en cages aménagées, s’il ne montre pas d’effet significatif sur la mortalité, il améliore l’état d’emplumement et les taux de ponte et d’œufs commercialisables pour les poules aux becs intacts. En élevage plein air, il permet de réduire la mortalité globale et celle liée au picage, ainsi que le stress du gallinacé. Pour autant, tous les enrichissements ne produisent pas le même effet. « Nos essais ont montré que les poules ont un intérêt moindre pour les enrichissements de type non consommables en comparaison avec les consommables tels que les seaux de blé, de luzerne ou de maïs, précise la chercheuse . Mais il ne faut pas se limiter à cette conclusion : l’idéal est de procéder à un roulement dans le type d’enrichissement proposé. » En introduire dès le stade poulette est également primordial afin que, par la suite, les poules pondeuses soient moins stressées lors d’un changement d’environnement. En outre, une densité et une taille de groupe trop élevée, ainsi qu’une génétique favorable au nervosisme apparaissent également comme des facteurs associés au picage sévère, de même qu’une intensité lumineuse trop élevée, de mauvaises conditions d’ambiance et une sous-utilisation du parcours1. Les conclusions du projet seront présentées sous la forme de fiches techniques, actuellement en cours de finalisation.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1776 du 14 septembre 2018, page 36.

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