Vaccins : des effets indésirables graves rares - La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019

PHARMACOVIGILANCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO  

Face à la méfiance grandissante des propriétaires envers les vaccins et à la surmédiatisation de leurs effets secondaires, il est essentiel de rappeler, sur la base de données scientifiques, que les effets indésirables graves sont extrêmement rares.

Lors du dernier congrès de l’Afvac à Marseille (Bouches-du-Rhône), en novembre 2018, notre consœur Justine Lohezic a présenté le résultat d’une étude rétrospective1 sur les effets indésirables graves des vaccins canins en France. Cette étude a été menée par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV), afin d’obtenir une réalité chiffrée sur la survenue d’événements graves post-vaccinaux chez les chiens.

En France, environ 58 % des chiens sont vaccinés chaque année, 11 valences sont actuellement disponibles2. La plupart des réactions vaccinales sont bénignes (réaction locale au point d’injection, syndrome fébrile transitoire, troubles digestifs, etc.). L’étude s’intéresse aux effets indésirables graves des vaccins chez les chiens, c’est-à-dire aux effets pouvant engager le pronostic vital de l’animal, entraîner un handicap ou une maladie chronique grave, imputables aux vaccins.

Réactions anaphylactiques et manque d’efficacité

En cinq ans, 789 cas de réactions indésirables graves chez les chiens à la suite de la vaccination ont été répertoriés, soit 1 cas pour 32 800 chiens vaccinés. 74 % d’entre eux ont présenté une réaction anaphylactique ; elle survient dans l’heure qui suit l’injection dans 70 % des cas. Les autres effets graves constatés concernent des chocs vagaux, des lésions graves au point d’injection, et des réactions inattendues (troubles neurologiques, musculo-squelettiques ou des anomalies hématologiques, pouvant correspondre à des hypersensibilités de type II ou III). 194 décès, soit 1 mort tous les 180 000 chiens vaccinés, ont été constatés.

Un manque d’efficacité vaccinal a été observé pour 1 chien sur 280 000 vaccinés (141 cas), sans qu’il soit possible de savoir s’il était dû au vaccin ou bien si l’animal concerné présentait un statut de non répondeur. 74 % des cas d’inefficacité vaccinale concernaient la protection contre la parvovirose et 15 % celle contre la leptospirose.

La fréquence de l’apparition des effets indésirables est globalement similaire pour les différents vaccins, excepté CaniLeish®, pour lequel une incidence significativement plus élevée de réactions anaphylactiques a été constatée, mais cela reste peu fréquent, avec une réaction toutes les 4 500 doses environ.

Facteurs de risque

Une surreprésentation des chiens de moins de 1 an est constatée, elle correspond à 55 % des effets indésirables déclarés et à 73 % des cas de manque d’efficacité vaccinale. Cette dernière donnée peut être expliquée par l’interférence des anticorps maternels. Afin de limiter ce risque, il est maintenant conseillé d’effectuer une dernière injection autour de 16 semaines (injections à 8, 12, et 16 semaines classiquement).

Les chiens de moins de 10 kg, en particulier les jeunes, sont plus sujets aux réactions anaphylactiques, les races les plus citées étant le chihuahua, le carlin, le yorkshire, le jack russel, le bouledogue, le bichon, le teckel et le shih tzu. À l’inverse, le manque d’efficacité vaccinale est davantage constaté chez les grandes races, en particulier le rottweiler, le setter, le cocker et le terre-neuve.

Malgré de nombreux biais inhérents au caractère rétrospectif de l’étude, cette analyse confirme que la balance bénéfice-risque est très largement en faveur de la vaccination. Afin de prévenir les risques, il convient d’établir un protocole vaccinal adapté à chaque animal et d’informer les propriétaires sur les possibles effets secondaires. La vaccination doit être réalisée après un examen clinique complet de l’animal, et conformément aux bonnes pratiques.

1 Lohezic J., Fresnay E., Begon E. et coll. Effets indésirables graves des vaccins chez le chien : réalité chiffrée. Novembre 2018. Le Point vétérinaire n° 390. Étude rétrospective menée entre le 1/1/2012 et le 31/12/2016.

2 Enquêtes Facco/Kantar-TNS et Société Centrale Canine.

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