Détecter les maladies grâce à l’intelligence artificielle - La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019

ÉLEVAGE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

L’Ifip, Institut du porc, développe une technologie de détection précoce de maladies du porc. Reposant sur une puce RFID, elle pourrait être opérationnelle d’ici moins de deux ans.

Depuis 2015, l’Ifip, Institut du porc, a pour projet d’identifier des indicateurs précoces des maladies du porc. Si la consommation d’eau seule n’avait pas permis d’obtenir un modèle précis, l’ajout des facteurs poids et consommation d’aliment a amené à des résultats encourageants1. « Clairement, le poids est nécessaire dans le modèle, explique Michel Marcon, ingénieur à l’Ifip, Institut du porc, spécialisé dans l’élevage de précision. Il apparaît que l’eau est un descripteur plus intéressant, mais les meilleurs résultats sont obtenus lorsque nous avons les trois descripteurs à disposition dans notre modèle. » Le système développé par l’institut repose sur un algorithme qui analyse les informations fournies pour chaque animal via sa puce d’identification individuelle RFID (radio frequency identification). Des automates d’alimentation identifient l’animal et relèvent le comportement alimentaire et les quantités d’aliment consommé à chacun de ses passages. D’autres situés à l’abreuvoir déterminent de la même façon le comportement d’abreuvement et les quantités d’eau consommée, ainsi que le poids de chaque porc, grâce à une balance située devant l’abreuvoir.

91 % de détection

« Les premiers résultats montrent que le système permet de détecter l’apparition d’une maladie pour 91 % des porcs, 24 à 48 heures avant qu’ils développent un problème de boiterie, de toux ou de diarrhée 2 », déclare Michel Marcon. Toutefois, cet outil manque de spécificité et il émet une alerte sans différencier le type d’affection (digestive, respiratoire ou locomotrice). Pour y remédier, un projet européen3 est en cours. « La finalité d’une détection précoce d’un animal malade ou encore d’une case, où un nombre important d’animaux développent des troubles, est d’alerter l’éleveur pour qu’il isole cet animal ou cette case, afin d’éviter la diffusion du pathogène dans l’élevage, précise-t-il. Le but est également de limiter les pertes de résultats techniques liés à une maladie, et l’emploi des antibiotiques. » Si le système est encore au stade de prototype, Michel Marcon espère que, d’ici un an à un an et demi, la technologie pourrait évoluer afin qu’il soit possible, sur le terrain, de détecter précocement les maladies.

Des coûts à réduire

Actuellement, la principale limite au développement de cette technologie est l’utilisation de puces basse fréquence, les seules dont le champ de détection très court permet à l’automate de cibler un animal en particulier. Leur coût représente en effet entre 2 et 2,50 € par porc, sans compter celui du bouclage individuel de chaque animal. De plus, la puce est non récupérable.

Les puces haute fréquence sont moins chères, à raison de 20 à 50 centimes par animal, mais les antennes des automates détectent tous les porcs situés autour d’eux sans les différencier individuellement. Michel Marcon est toutefois optimiste et annonce que le travail de certaines entreprises sur la mise au point d’antenne pour les puces ultra haute fréquence (UHF) permettrait, d’ici quelques mois, à la fois de cibler un animal en particulier et de diminuer le coût de l’identification à un montant compris entre 20 et 50 centimes par animal.

Le développement de l’identification individuelle pourrait favoriser la diffusion de la détection précoce des affections à d’autres productions. Elle ouvrirait également de nombreuses autres perspectives, comme le calcul des gains moyens quotidiens (GMQ) et d’autres critères techniques importants en élevage, grâce à la récolte de données disponibles de façon automatisée pour chacun des animaux.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1397, page 54, et n° 1734, page 52.

2 Dans l’étude, un technicien est en charge de surveiller les animaux et de vérifier l’apparition de symptômes sur chaque porc identifié.

3 Projet Healthy Livestock : bit.ly/2snlBXI.

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