Bilan d’une année de pharmacovigilance - La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019

MÉDICAMENTS

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO  

Les effets indésirables graves des médicaments vétérinaires ont fait l’objet de près de 2 200 signalements en 2017. Les vaccins et les antiparasitaires représentent la majorité des déclarations.

Le bilan 2017 de pharmacovigilance de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) a été présenté au congrès de l’Afvac en novembre 2018. En 2017, toutes espèces confondues, elle a reçu 2 194 déclarations d’effets indésirables graves, c’est-à-dire des « événements susceptibles de mettre en jeu le pronostic vital immédiat de l’animal, qui entraînent une invalidité ou une incapacité provisoire ou permanente, qui provoquent ou prolongent une hospitalisation ou qui ont pu contribuer à la survenue d’une mortalité ». 46 % de ces déclarations concernaient les chiens et 24 % les chats. Ce bilan présente des données brutes, qui ne sont pas mises en parallèle avec les chiffres de vente de médicaments. Les effets secondaires des médicaments sont globalement sous-déclarés, et les effets graves sont davantage signalés, que ce soit par les vétérinaires ou par les propriétaires.

Chez les chiens

37 % des cas d’effets indésirables graves rapportés chez les chiens concernaient des vaccins (soit 376 déclarations) et 28 % (288 déclarations) des antiparasitaires. 17,5 % de ces déclarations étaient dues à l’utilisation d’un médicament hors usage courant (“off-label” : surdosage, administration per os d’un spot on, etc.).

- Les vaccins : une réaction anaphylactique a été rapportée dans 94 cas, dont 13 décès. 32 cas de manque d’efficacité vaccinale ont été consignés.

- Les antiparasitaires : les ectoparasiticides sont cités dans 81 % des déclarations liées aux antiparasitaires (principalement le fluralaner et l’alfoxolaner), suivis des endectocides (milbémycine, ivermectine). Le plus souvent, des troubles neurologiques et gastro-intestinaux sont constatés.

- Autres (moins de 10 % des déclarations) : molécules à action centrale (principalement le phénobarbital, la kétamine et la médétomidine), les anti-inflammatoires non stéroïdiens, ainsi que les antibiotiques systémiques (surtout l’amoxicilline).

Chez les chats

Près d’une déclaration d’effet indésirable grave sur deux fait mention d’un antiparasitaire (48 %, 247 déclarations). 23 % des cas (119 déclarations) concernaient des vaccins.

- Les antiparasitaires : beaucoup de déclarations font suite à un mésusage, principalement lors d’utilisation de produits canins sur les chats (57 cas d’intoxication à la perméthrine). Le spinosad et le fluralaner ont été cités respectivement dans 35 et 25 déclarations, majoritairement à cause de la survenue de troubles digestifs. Les endectocides les plus incriminés sont ceux à base de milbémycine (36 déclarations), en raison de l’apparition de signes nerveux et digestifs.

- Les vaccins : les signes digestifs sont les plus souvent observés (46 cas). Les réactions anaphylactiques n’ont concerné que 13 déclarations, et les suspicions de manque d’efficacité, 23.

- Autres (moins de 10 %) : des molécules anesthésiques et des sédatifs sont cités.

Chez les nouveaux animaux de compagnie

Il existe très peu de médicaments vétérinaires ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) chez les nouveaux animaux de compagnie (NAC). En cinq ans (2013-2017), les NAC concernaient 2,3 % des déclarations reçues à l’Anses-ANMV (435 déclarations sur 18 756). Les lapins sont les espèces de NAC les plus citées (79 %), suivis des furets (7 %) et des cobayes (3 %). Chez le lapin, ce sont surtout les vaccins et les antiparasitaires externes (intoxication au fipronil) qui sont impliqués, et, chez les furets, les vaccins et les implants à base de desloréline.

Conséquences

L’Anses-ANMV rappelle l’importance d’effectuer des déclarations lors d’apparitions d’effets secondaires, même s’ils sont connus. La vigilance continue des vétérinaires et des propriétaires permet à l'agence de mener différentes actions : modification des résumés des caractéristiques du produit (RCP), publication de communiqués de presse, suspension d’une AMM, rappel de lots, etc. Au cours du premier semestre 2018, 8 RCP de médicaments à usage chez le chien et le chat ont été mis à jour. Chez les NAC, les remontées de terrain permettent d’identifier des sensibilités particulières.

1 Voir aussi pages 26 et 27.

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