Que pensez-vous de l’arrivée de la chaîne de cliniques Anicura en France ? - La Semaine Vétérinaire n° 1791 du 21/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1791 du 21/12/2018

FORUM

@... VOUS !

Auteur(s) : FRÉDÉRIC THUAL 

L’ORDRE DOIT SE POSITIONNER CLAIREMENT !

J’y vois plutôt un aspect positif… Ils vont créer une concurrence face aux chaînes qui se mettent en place en France. Cela permettra aux vétérinaires de faire un choix sur des offres radicalement différentes. En gros, de choisir de remettre les clés de leur clinique à Mars ou de rester dans une aventure où ils demeurent maîtres à bord. L’autre point intéressant, c’est qu’alors que l’on parle depuis des années de la revalorisation des actes vétérinaires, l’arrivée de chaînes comme Anicura va monter le niveau de services et inciter les vétérinaires à aller vers des standards de qualité plus élevés pour les soins, en adéquation avec les attentes des clients. J’ai envie de faire confiance aux instances ordinales pour donner des réponses précises et dire si un projet est respectueux de la loi, de l’indépendance des vétérinaires, du Code rural et de la pêche maritime, etc. Car, à mes yeux, avec Anicura-Mars et Royal Canin, fournisseurs de cliniques vétérinaires, il existe un conflit d’intérêts notoire. En tout cas, cela permet aux vétérinaires de se poser les bonnes questions pour savoir quel exercice vétérinaire ils veulent pour demain.

Christophe Navarro

UN COUP DE PIED DANS LA FOURMILIÈRE

C’ est un phénomène assez prévisible, au regard d’une croissance de 80 % du marché des animaux de compagnie entre 2000 et 2015 en France et de ce que l’on peut voir en macro-économie sur les TPE-PME. En 2015, le réseau Evidensia avait tenté sa chance sans parvenir à ses fins. Cette fois, Anicura est le premier à réussir une percée en France. La question est de savoir comment s’articulent leur modèle classique et une réglementation française qui ne colle pas bien (où les structures doivent être détenues à 50 % par des vétérinaires en exercice libéral). Est-ce le début d’un grand phénomène ? De toute évidence, il va se passer quelque chose, mais ça ne concernera pas tout le marché. Même aux États-Unis, seuls 9 % des vétérinaires canins exercent dans ces structures. Plus que pour le marché, j’ai plutôt des craintes pour les confrères, à l’image du désenchantement dans les chaînes britanniques CVS. L’aspect positif, c’est que cela va structurer une profession qui souffre d’un enclavement et d’un mal-être grandissant. Les investisseurs vont mettre un coup de pied dans la fourmilière du marché. à l’inverse, on peut craindre le côté impitoyable lié aux problématiques inhérentes aux grands groupes. Trouver le bon ratio entre indépendance et collectif représente un sacré pari pour Anicura. Car, avec le papy-boom, des cliniques à vendre il y a en aura, mais il n’est pas certain que les jeunes générations soient très clientes de l’état d’esprit “grand groupe”.

Gaël Peiffer

ILS VONT CHERCHER À SE DIFFÉRENCIER

Anicura revendique une forte expérience terrain, un historique de soins spécialisés et le terme de “famille de cliniques vétérinaires”. S’il y a des avantages certains (soulagement des contraintes administratives, mutualisation des ressources, recentrage sur la pratique vétérinaire), des incertitudes pèsent aussi sur la gouvernance et sur l’indépendance des praticiens partenaires, collaborateurs ou actionnaires. Comme beaucoup d’autres, nous avons été approchés tant pour nos cliniques de l’île de Ré que pour le réseau Cap douleur. Il est certain que la différenciation se fera aussi par l’image d’une marque associant la haute qualité des soins avec de la formation continue soucieuse de l’appropriation des connaissances transmises et de leur application via des audits. Le réseau CAP douleur, fort de ses compétences et de ses ressources internes (290 cliniques, soit 1 058 vétérinaires), de ses liens avec la médecine humaine, de son implication dans la e-santé, souhaite accompagner les chaînes dans une vision pluridisciplinaire de la prise en charge de la douleur et de la qualité de vie respectueuse du bien-être animal. Pour autant, il ne saurait privilégier telle ou telle chaîne, en raison de la volonté affirmée de partager un patrimoine commun de connaissances et d’observations cliniques, auprès du plus grand nombre des membres de la famille vétérinaire.

Thierry Poitte
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr