La transplantation de microbiote fécal, un traitement d’avenir ? - La Semaine Vétérinaire n° 1791 du 21/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1791 du 21/12/2018

RECHERCHE CLINIQUE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : JUAN HERNANDEZ 

Oniris a constitué une banque de microbiote fécal et lance un recrutement de chiens atteints d’entéropathie chronique pour étudier l’impact de ce traitement novateur.

La transplantation de microbiote fécal est une pratique très ancienne qui consiste à prélever les selles d’un individu sain et à les transplanter à un malade pour ses vertus thérapeutiques. Elle est sur le devant de la scène médicale depuis la démonstration, en 2013, de l’efficacité redoutable de cette pratique dans le traitement de l’infection par Clostridium difficile chez l’humain. Le taux de succès est de l’ordre de 90 % dans cette indication. Par ailleurs, les avancées scientifiques montrent clairement que le microbiote intestinal est impliqué dans l’apparition et l’entretien des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici) chez l’humain et le chien. Le microbiote est altéré (dysbiose) dans l’évolution de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique chez l’humain. Il l’est également lors d’entéropathie chronique chez le chien. Les chercheurs d’Oniris et de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) suspectent qu’une amélioration clinique peut être observée en restaurant l’équilibre du microbiote via une transplantation de microbiote fécal (TMF). Ce traitement innovant pourrait permettre d’améliorer le confort de vie des chiens malades et de leur propriétaire, mais aussi de s’affranchir de traitements lourds comme la corticothérapie.

L’étude clinique menée à Oniris

C’est ainsi que les chercheurs ont tout d’abord constitué une banque de microbiote fécal pour générer un transplant “idéal”. Les donneurs ont été rigoureusement sélectionnés en écartant toute maladie susceptible d’être transmise et toutes celles possiblement associées à une dysbiose (obésité, atopie, etc.). Les selles ont été prélevées dans des conditions strictes et ont subi un processus de sélection, d’enrichissement et de conservation rigoureux permettant d’assurer la haute qualité du transplant. Cette étape cruciale a été réalisée en partenariat avec l’Inra. La phase de recrutement est actuellement ouverte à Oniris et consiste à inclure des chiens souffrant d’entéropathie chronique n’ayant pas répondu aux changements diététiques et au traitement à base de métronidazole(encadré). Une exploration endoscopique est indiquée à ce stade. Il est alors proposé aux propriétaires d’entrer dans l’étude. Les chiens inclus recevront, au cours de l’endoscopie, une TMF, à partir de la banque de microbiote, ou un placebo. Le choix du traitement administré est bien entendu aléatoire et en aveugle. Un suivi clinique et biologique sanguin et fécal est nécessaire à 10, 30 et 90 jours pour les animaux inclus.

Les avantages de cette transplantation

Cette étude offre l’opportunité de pouvoir s’affranchir de la corticothérapie et de ses nombreux effets indésirables. Par ailleurs, la TMF est un traitement naturel sans effet secondaire connu. Enfin, cette étude est financée par l’European College of Veterinary Internal Medicine-Companion Animal. Ainsi, les frais d’endoscopie, du traitement et du suivi clinique et biologique sont pris en charge par l’étude. Ceux de consultation initiale, d’anesthésie, d’analyse histologique et d’éventuels examens d’imagerie restent à la charge du propriétaire.

QUI PEUT PARTICIPER ET COMMENT ?

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