Éden 2.0

Alors que les personnages des précédents films d’Ulrich Köhler se rebellaient en se retirant de la société, In my Room met en scène un quadragénaire désœuvré se réveillant un matin dans un monde déserté. Avant cet événement aussi extraordinaire que soudain – qui n’est pas expliqué –, une première partie, à l’exactitude réaliste imparable, accompagne l’existence morose du personnage, de ses ratés professionnels et sentimentaux au chevet de sa grand-mère mourante. Visiblement peu empressé d’améliorer son avenir, Armin vit au jour le jour. Passée la stupeur de découvrir qu’il est maintenant seul au monde, le film bascule quelques mois plus tard dans une seconde partie bucolique. Dans le bourdonnement estival des insectes, au milieu d’une nature en friche et d’animaux errants (eux non plus n’ont pas disparu), Armin, physiquement métamorphosé, s’est fait Robinson Crusoé de l’apocalypse : il a construit sa propre maison, produit son électricité, cultive son potager, élève du bétail et se déplace à cheval. Dans ce nouveau paradis autosuffisant surgit alors la nouvelle Ève, la dernière femme sur terre. À travers sa rencontre avec Armin, le réalisateur s’amuse à inverser les conventions sur les sexes et montre que la liberté, aussi illimitée qu’elle puisse paraître ici, reste bridée par l’histoire individuelle de chacun. Une exploration intimiste de la difficulté réelle à réinventer sa vie, qui, toute pertinente qu’elle soit, émeut pourtant moins que le cadre irréel qu’elle se donne.
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In my Room d’Ulrich Köhler, avec Hans Löw, Elena Radonicich, Allemagne-Italie, 2 h, sortie le 9 janvier.