Radiographie de l’espace rétropéritonéal - La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS  

L’espace rétropéritonéal correspond à la région dorsale de l’abdomen : tous les organes situés dorsalement au péritoine pariétal (versus péritoine viscéral), délimité ventralement par celui-ci et dorsalement par les muscles sous-lombaires. Il comprend de la graisse en quantité variable, les reins, les gros vaisseaux (aorte, veine cave caudale), la veine azygos, le canal thoracique, les glandes surrénales et les nœuds lymphatiques. Il communique cranialement avec le médiastin par le hiatus aortique et caudalement avec le canal pelvien.

À la radiographie, cet espace n’est pas distinct. Sa limite dorsale, qui correspond aux muscles sous-lombaires, est représentée par une bande d’opacité liquidienne juste ventralement aux vertèbres lombaires, qui a tendance à s’amincir en région caudale. Sa limite ventrale est invisible.

Évaluation radiographique

- Le contraste

Le contraste et l’opacité globale de l’espace rétropéritonéal doivent être identiques à ceux de la cavité péritonéale. La présence de graisse, dont l’opacité est moins importante que l’opacité liquidienne (gris plus foncé), apporte un contraste avec les organes (opacité liquidienne). En son absence, il n’y a pas de contraste.

- Le volume

Le volume de l’espace rétropéritonéal est rarement diminué. Il est augmenté de façon physiologique lorsqu’il y a beaucoup de graisse et de façon pathologique en cas d’organomégalie, de masse ou d’épanchement rétropéritonéal. Lors d’élargissement de l’espace rétropéritonéal, le côlon est déplacé ventralement sur la vue de profil.

- Les organes

Les seuls organes visibles en conditions normales sont les reins. Les nœuds lymphatiques, les gros vaisseaux et les uretères ne se voient pas, sauf quand il y a beaucoup de graisse (les uretères apparaissent alors sous forme de petites structures tubulaires radio-opaques qui partent du rein). Sur une vue de profil, les artères circonflexes peuvent apparaître sous la forme d’éléments ponctiformes radio-opaques, ventralement à L5-L6 (à ne pas confondre avec un calcul urétéral).

Anomalies

- Élargissement diffus et augmentation diffuse du contraste

Lorsque le volume de l’espace rétropéritonéal est globalement augmenté et que les différents organes rétropéritonéaux sont bien apparents mais non déplacés, et sans anomalie visible, il s’agit simplement de la présence de graisse en grande quantité. Le côlon est déplacé ventralement, avec un élargissement du rétropéritoine.

Si l’espace rétropéritonéal est élargi et son contraste très augmenté, il s’agit d’un pneumorétropéritoine. Les différents organes sont alors anormalement bien visibles, grâce à l’air radiotransparent présent entre eux. Lors de pneumorétropéritoine sans pneumopéritoine associé, une nette différence est notée entre l’espace rétropéritonéal, dont l’opacité globale est diminuée, et la cavité péritonéale, d’opacité et de contraste normaux. L’espace rétropéritonéal communiquant avec le médiastin, lors de pneumomédiastin (par exemple, en cas de traumatisme secondaire à une intubation trachéale forcée), il y a rapidement un pneumorétropéritoine. Il peut également être lié à un pneumopéritoine : lorsque celui-ci est très important, les feuillets du péritoine se rompent et l’air passe dans l’espace rétropéritonéal (exemple : perforation de l’estomac).

- Élargissement diffus et diminution du contraste

Si l’opacité de l’espace rétropéritonéal est diffusément augmentée, avec une diminution de son contraste et un élargissement diffus, il s’agit probablement d’un épanchement liquidien. La différence est alors encore bien notée avec la cavité péritonéale qui conserve un contraste normal. La première cause probable est un épanchement (sang, urine). Le sang est fréquemment issu d’un traumatisme ou d’une hémorragie secondaire à une intoxication aux antivitamines K. Un épanchement urinaire peut provenir d’une obstruction ou d’une rupture des voies urinaires : un marquage des voies urinaires avec un produit de contraste met en évidence l’extravasation de celui-ci.

Si le contraste est diminué diffusément sans élargissement significatif de l’espace rétropéritonéal, il s’agit d’une rétropéritonite (inflammation, panniculite), dont les causes peuvent être un corps étranger végétal migrant, ou un abcès. D’autres examens complémentaires (échographie, scanner) sont nécessaires.

- Élargissement focal et augmentation focale de l’opacité

Un élargissement focal peut concerner les reins (néphromégalie à explorer par échographie), une masse, le plus souvent néoplasique, réactionnelle ou inflammatoire, un abcès, une hypertrophie des nœuds lymphatiques iliaques médiaux en regard de L6 (exemple : adénocarcinome des sacs anaux associé à une augmentation de la taille des nœuds lymphatiques) ou un lipome.

- Minéralisations

Dans les uretères, les calculs sont parfois assez faciles à visualiser pour autant qu’il s’agisse de calculs radio-opaques (struvites ou oxalates).

La minéralisation des surrénales chez le chat âgé n’est pas pathologique. En revanche, chez le chien, elle signe souvent un processus néoplasique.

La minéralisation de la paroi de l’aorte (hyperparathyroïdie ou hypercalcémie d’origine néoplasique) est une image rare.

Juliette Sonet Praticienne hospitalière en imagerie médicale à VetAgro Sup. Article rédigé d’après une présentation faite au congrès de l’Afvac à Nantes (Loire-Atlantique), en novembre 2017.

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