Le premier étiquetage sur le bien-être animal voit le jour en France - La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 07/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 07/12/2018

AGROALIMENTAIRE

ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA  

Depuis le 5 décembre, des produits Casino adoptent un étiquetage indiquant les conditions de vie, de transport et d’abattage des animaux.

Cette démarche inédite dans l’Hexagone est le fruit de la collaboration du groupe de distribution Casino et de trois associations de protection animale, Compassion In World Farming France (CIWF France), La Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA) et l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA). Il existe certes, depuis 2002, un marquage des œufs, mais il ne concerne que le mode d’élevage des poules pondeuses. Ce nouvel étiquetage1, instauré le 5 décembre, est innovant, car il évalue toutes les étapes de la vie de l’animal, de la naissance à l’abattage en passant par l’élevage, la collecte et le transport. Cette initiative, comparable à celles de nos voisins néerlandais2, répond à une attente sociétale forte, 98 % des Français considérant que le bien-être des animaux d’élevage est important, voire très important3. Elle encourage les consommateurs à orienter leurs achats vers des produits plus respectueux du bien-être animal, et les producteurs à renforcer l’intégration de la protection animale dans leurs pratiques. Elle vise aussi à augmenter la transparence de l’ensemble de la chaîne de production et à donner une information claire et fiable aux consommateurs.

Un référentiel d’évaluation du bien-être animal basé sur 230 critères

Casino et les trois associations ont travaillé pendant près de deux ans à l’élaboration d’un référentiel d’évaluation du bien-être animal, reposant sur 230 critères, et d’une méthode de notation de A à D. Ces critères ont été choisis en fonction de leur impact sur le bien-être animal et à partir de références scientifiques et techniques reconnues à l’échelle nationale et internationale. Ils portent aussi bien sur des exigences de moyens (présence d’un parcours extérieur, densité d’animaux au mètre carré en bâtiment d’élevage, obligation d’étourdissement avant la saignée) que sur des exigences de résultats (observation de la motricité ou du comportement des animaux). Le contrôle est effectué auprès de l’éleveur ou du groupement, du couvoir, du transporteur et de l’abattoir grâce à des audits réalisés par des organismes indépendants. L’évaluation complète est matérialisée par une lettre représentant l’un des quatre niveaux de bien-être animal : D est le niveau le plus bas, appelé niveau standard, et A le plus élevé́. Seuls A, B et C garantissent une amélioration significative du bien-être animal. Cette information est disposée sur l’étiquette “poids-prix” de l’emballage du produit (ci-dessous).

Cette démarche concerne pour le moment une gamme de six références de poulets de chair de la marque distributeur de Casino, Terre & Saveurs®. La majorité de ces produits sont d’ailleurs classés A ou B. En 2019, cet étiquetage pourrait s’étendre à sa marque bio et, dans un futur proche, à d’autres productions animales. Matthieu Riché, directeur de la responsabilité sociale d’entreprise du groupe, souhaite qu’à terme cette démarche soit partagée par le plus grande nombre, qu’il s’agisse d’industriels ou de distributeurs et qu’elle puisse s’appliquer à l’ensemble des filières animales : « Nous ré́flé́chissons actuellement à̀ la mise en place d’une structure associative permettant de porter la dé́marche d’é́tiquetage du bien-ê̂tre animal et d’intégrer de nouveaux acteurs souhaitant é́tiqueter leurs produits selon le ré́fé́rentiel é́tabli. »

Le consommateur deviendra un consom-acteur

Notre confrère Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, a exprimé la fierté de l’association d’avoir participé à une telle initiative. Elle permet, selon lui, « aux consommateurs d’avoir une information claire sur les conditions d’élevage, de transport et d’abattage ». De plus « grâce à cet étiquetage, le consommateur pourra faire un choix éclairé et orienter ses achats vers des produits plus respectueux du bien-être des animaux. Le consommateur deviendra un consom-acteur ». L’acheteur saura, par exemple, que le transport vers l’abattoir d’un poulet classé A durera maximum 3 heures au lieu de 8 heures, voire plus. Il sera assuré de l’insensibilisation de l’animal avant qu’il soit abattu, car les niveaux A, B et C imposent l’étourdissement préalable. L’OABA tient aussi à souligner la vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs pour les niveaux A et B. « Ce que la loi n’a pas imposé, malgré l’attente des citoyens, est mis en place dans les abattoirs dans le cadre de cet étiquetage. »

1 etiquettebienetreanimal.fr.

2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1564 du 13/12/2013, page 26.

3 Sondage Statista sur la cause animale, 2015.

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