“Le chien mon ami”, pour développer un réseau de bienveillance et de bientraitance - La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 07/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 07/12/2018

ÉTHIQUE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

Le réseau mis en place par la Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques souhaite faire émerger une nouvelle conscience des devoirs de l’homme envers le chien.

Citez-moi un animal plus captif que le chien » pourrait répondre notre consœur Isabelle Vieira, présidente de la Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (Seevad), à ceux qui lui reprocheraient d’avoir organisé un congrès sur le bien-être des chiens dans un zooparc, les 24 et 25 novembre 2018 à Beauval (Loir-et-Cher). Les chiens n’échappent en effet pas à une forme de maltraitance ordinaire. Les évolutions sociétales qui vont dans le sens d’une prise en compte de leur protection et de leur bien-être sont contrebalancées par une méconnaissance de leurs besoins, une difficulté à les comprendre et à interagir avec eux, et une sous-estimation des investissements nécessaires de la part de leurs propriétaires.

Mettre fin à la notion de hiérarchie

Catherine Escriou, maître de conférences à VetAgro Sup, explique qu’il convient de parler non pas des besoins du chien, mais de ceux d’un chien en particulier, en tant qu’individu, selon sa race et son tempérament. Le concept de dominance est une fausse croyance, qui reste pourtant ancrée dans l’inconscient collectif, alors qu’il est montré que les relations entre chiens sont une somme d’interactions positives ou négatives complexes dans un contexte et un environnement donnés. Notre confrère Stephan Gronostay confirme que la hiérarchie n’a pas sa place entre le chien et son propriétaire : c’est une relation de dépendance et de confiance, où le chien s’adapte à la façon de vivre de son maître. De plus, l’éthologue Charlotte Duranton montre qu’alors que nous les comprenons mal les chiens sont doués pour comprendre les émotions et le langage humains et pour s’y adapter. Il est donc essentiel que le propriétaire fasse preuve de bienveillance avec son animal. Il doit lui donner des conditions de vie, en ville comme en maison, qui répondent à ses besoins et une éducation basée sur le renforcement positif. « Nous devons nous placer en tant que leader et, mieux, en tant qu’ami, » précise Isabelle Vieira.

Cependant, la société ne demande pas d’épanouir les chiens, mais de les contrôler, et la loi du 6 janvier 1999 institutionnalise la maltraitance des chiens catégorisés. De plus, Françoise Martin, de la Confédération des éleveurs de l’avenir (Cedav), alerte sur le décret du 23 octobre 2018 sur les installations classées, qui va dans le sens d’une production intensive des chiens en France.

Une nouvelle conscience pluridisciplinaire

Ghislaine Jançon, de l’Ordre des vétérinaires, déclare que, depuis 2015, la prise en compte du bien-être animal fait partie des missions de l’Ordre (commission bientraitance animale). Elle rappelle que les vétérinaires en sont des sentinelles au quotidien et qu’ils doivent être placés au cœur des débats concernant l’éthique de nos relations aux animaux.

En plus de ce rôle, les vétérinaires peuvent appliquer une approche bienveillante des chiens dans leur structure. Nos consœurs Camille Gassmann et Ciska Girault ont présenté la façon d’aménager la clinique, d’accueillir l’animal et de le faire contribuer aux soins grâce au medical training. Cela permet, de plus, de montrer son professionnalisme et de fidéliser sa clientèle.

Isabelle Vieira annonce enfin que les vétérinaires bienveillants peuvent prétendre à une appellation “Le chien mon ami” de la Seevad, comme tous les professionnels qui respectent les chiens, en refuge, en ville et dans les lieux publics, en tant qu’éducateurs, éleveurs, etc.

« Nous devons veiller au bonheur des chiens, par un mouvement basé sur une réflexion pluridisciplinaire qui doit nous réunir tous, en gommant les différences entre les associations et les professions. Je crois en un élan collectif et nous devons créer une mobilisation citoyenne en vue d’une révolution culturelle et politique : les devoirs et les droits sont à double sens, et je souhaite que nous soyons tous ensemble les pionniers de cette nouvelle conscience », conclut Isabelle Vieira.

Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 19/10/2018, page 22.

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