Les interprofessions lait et viande s’engagent en faveur du bien-être animal - La Semaine Vétérinaire n° 1788 du 30/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1788 du 30/11/2018

FILIÈRE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Parmi les grands chantiers en cours dans la filière bovine, l’élaboration de grilles d’évaluation du bien-être animal est actuellement une priorité pour les professionnels du lait et de la viande.

Le bien-être animal est au cœur des préoccupations de la filière bovine en France. En effet, alors que les attentes sociétales concernant les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux se font de plus en plus pressantes, les interprofessions se mobilisent. En parallèle des plans filières1 remis dans le cadre des États généraux de l’alimentation, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev) et le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) ont instauré des « démarches de responsabilité sociale » innovantes depuis plusieurs années. Afin de renforcer la compétitivité et l’acceptabilité des élevages tout en réaffirmant la cohérence entre leurs valeurs et les pratiques de BEA, Interbev s’est engagée avec l’Institut de l’élevage (Idele) dans un pacte d’avenir : le pacte pour l’engagement sociétal2, tandis que le Cniel, en cohérence et en partenariat avec Interbev et l’Institut Idele, a mis en place le programme France, terre de lait3.

Des grilles d’évaluation fiables…

Or, en pratique, des outils de terrain adaptés, permettant de s’assurer du respect des conditions de BEA, mais aussi, et surtout, de pouvoir communiquer de façon transparente auprès des consommateurs, sont nécessaires. C’est pourquoi des grilles d’évaluation sont en cours d’élaboration par les interprofessions lait et viande. Elles devraient permettre dévaluer le BEA à l’aide d’indicateurs socles fiables, scientifiquement prouvés et qui respectent la définition du BEA de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE)4.

… et pratiques

Après avoir consulté des associations de protection animale, c’est en 2017 qu’Interbev a débuté sa recherche pour chaque espèce et chaque maillon de la filière (transport, élevage et abattage). En élevage, une première liste a ainsi été proposée avant que leur acceptabilité et leur faisabilité soient évaluées. Les critères “classiques” (eau/alimentation, santé, logement, comportement) ont alors été retenus, tandis que d’autres ont été ajoutés ou adaptés. Leur évaluation sur le terrain, grâce à l’outil de diagnostic BoviWell de Moy Park5, est dans sa dernière phase. Dans la même optique, le Cniel s’est lancé cette année dans la recherche d’une quinzaine d’indicateurs socles observables et mesurables en élevage laitier (encadré). Concernant les conditions de transport et d’abattage des animaux, les travaux lancés par Interbev se poursuivent actuellement. Ainsi, une grille de critères (animal et environnement) destinée à évaluer le BEA aux différentes étapes du transport doit être testée d’ici la fin de l’année 2018. Et des postes de référents protection animale devraient voir le jour rapidement pour former les professionnels présents sur les marchés aux notions de BEA. De même, pour s’assurer du respect des conditions de BEA au moment de l’abattage (animal, local, équipement, fonctionnement de l’abattoir et formation des travailleurs), une grille d’audit, qui s’appuie sur le guide de bonnes pratiques pour la protection animale à l’abattoir, est sur le point d’être finalisée. Une réévaluation de tous ces outils d’évaluation devrait ensuite avoir lieu à la fin du premier semestre 2019.

1 bit.ly/2ELlslf.

2 bit.ly/2rdpPRb.

3 bit.ly/2DSBk8e.

4 Onze principes et cinq libertés fondamentales (bit.ly/2rcGhB9).

5 La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 9/2/2018, page 35.

DEUX QUESTIONS À NADINE BALLOT

CHEFFE DU SERVICE SCIENCE ET TECHNIQUE DE L’ÉLEVAGE.

Quel est l’objectif de la démarche pour le bien-être animal (BEA) engagée par le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) ?
Le Cniel cherche à définir une méthodologie commune d’évaluation du bien-être animal en élevage bovin laitier. C’est un travail de l’interprofession dans son ensemble (producteurs de lait, représentants des coopératives, industriels laitiers, notamment) qui a pour objectif de valoriser le savoir-faire de la filière laitière en matière de bien-être animal en élevage pour apporter un éclairage aux consommateurs. Ce n’est pas un système de sanction des éleveurs, mais une réelle démarche de progrès qui devrait permettre d’aider les éleveurs à changer leurs méthodes si nécessaire et à valoriser les bonnes pratiques qu’ils mettent déjà en place.

Quels indicateurs de BEA ont été retenus ?
Les critères de BEA doivent être centrés sur l’animal et reconnus scientifiquement. Il faut aussi qu’ils puissent être utilisés dans l’ensemble des exploitations laitières françaises malgré des systèmes d’élevage très différents quant aux races et aux pratiques (montagne, plaine) et par tous les maillons de la chaîne (producteurs et transformateurs). C’est pourquoi, une fois que tout cela a été défini, une phase de test a eu lieu dans 75 exploitations françaises variées. Le mois dernier, les résultats ont été dépouillés et aujourd’hui nous sommes dans une phase de finalisation des choix des indicateurs. Ils seront diffusés en décembre, mais je peux déjà vous dire qu’ils seront “classiques” comme l’abreuvement, la notation d’état corporel (NEC), l’alimentation et les mesures de boiteries.
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