Votre mutuelle d’entreprise est-elle la meilleure ? - La Semaine Vétérinaire n° 1784 du 26/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1784 du 26/10/2018

PROTECTION

ÉCO GESTION

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT  

Souvent choisie à la hâte pour se conformer à l’obligation née début 2016, la complémentaire santé peut être optimisée en fonction de l’expérience acquise depuis bientôt trois ans.

Certains ont pris le temps d’éplucher toutes les offres plusieurs mois avant l’entrée en vigueur de l’ANI (Accord national interprofessionnel) qui a rendu la complémentaire santé obligatoire. D’autres – les plus nombreux – ont simplement suivi les recommandations de la branche en souscrivant un contrat auprès d’AG2R, sans porter une grande attention aux conditions. « La plupart du temps, les chefs d’entreprise ont réglé ça vite et sont partis sur le contrat minimum », estime Jean-Yves Du Gardin, courtier en assurances. Quelle que soit la situation qui a guidé le choix initial, il est temps d’analyser ce contrat et les prestations fournies pendant près de trois ans, afin de vérifier sa bonne adéquation avec les besoins des salariés de la clinique. S’il n’est bien évidemment pas possible de déroger au “panier de soins minimum” défini par l’état, on peut très souvent optimiser le service apporté aux salariés en le calant au plus près de leurs besoins. Et ce, sans engager de dépenses supplémentaires. Comme pour n’importe quel contrat, la complémentaire santé peut être adaptée aux attentes de ceux qu’elle doit protéger. à moins de faire bouger les lignes avec le prestataire de départ, la décision de résilier s’impose. Si l’on opte pour une remise à plat, il faut procéder de façon rationnelle et prendre en compte non seulement la typologie de la population de salariés, mais aussi des éléments financiers et les contraintes de gestion.

Analyse de la situation

Comme toujours, le travail doit commencer par une analyse de la situation depuis que la mutuelle est en place. « L’étude de l’existant passe par l’analyse de la démographie de l’entreprise, de la situation de famille de chaque salarié ainsi que des taux de cotisation et des garanties », résume le courtier. Sur le plan comptable, un chiffre doit guider cette analyse : le ratio entre les sinistres et les cotisations, dit taux de sinistralité. Rien de bien difficile puisque la compagnie d’assurance ou la mutuelle est tenue de remettre chaque année à l’entreprise un rapport sur les comptes du contrat souscrit, dans lequel figure cette donnée. Reste ensuite à l’interpréter. La règle est simple, plus ce taux de sinistralité est proche de 100 % (autrement dit, plus les prestations versées sont équivalentes aux cotisations), meilleur est le contrat – en tout cas, cela signifie qu’il correspond bien aux besoins de la population qu’il couvre. Cependant, même si ce taux est bon, l’analyse doit aussi s’intéresser aux attentes des salariés et se placer dans un champ prospectif. Il se peut en effet que le profil des collaborateurs sur ces trois dernières années soit différent de celui d’aujourd’hui et, plus encore, de celui de demain. Cette remarque vaut notamment dans les cliniques où les départs en retraite s’enchaînent, les besoins d’un salarié en fin de carrière étant loin d’être les mêmes que ceux d’une jeune mère de famille. Enfin, même si le turn-over n’est pas de mise, il convient néanmoins de profiter de cette analyse pour prendre le temps de connaître les attentes des collaborateurs vis-à-vis de la complémentaire santé de la clinique. Une démarche formalisée d’enquête de satisfaction n’est pas nécessaire, les remontées glanées au détour de conversations peuvent suffirent à se faire une idée. L’ensemble de ces données permet de conclure rapidement si le contrat en cours est adapté à la clinique. Si tel est le cas, inutile de changer ce qui fonctionne. Pourtant, même si les garanties sont bien les meilleures, il reste souvent possible de grignoter quelques “sous” en prenant le temps de rencontrer son prestataire et de lui demander quelques efforts.

Cahier des charges et négociation

En revanche, si l’on se rend compte que le contrat signé en 2016 n’est pas optimal, l’étape suivante imposera de rédiger un cahier des charges. Inutile d’user d’un grand formalisme pour réussir cette étape, un simple document listant les besoins suffira pour engager la consultation de plusieurs prestataires potentiels et comparer leurs offres. C’est là que le travail devient plus compliqué… En effet, pour un non-spécialiste, les offres sont très rarement comparables, car elles ne sont jamais totalement identiques. « Le plus important est d’avoir accès à des options à la main du salarié, autrement dit de pouvoir augmenter les garanties en fonction de ses propres besoins. Cela permet de ne pénaliser personne, ni le chef d’entreprise, ni les salariés », explique Jean-Yves Du Gardin. Pour parvenir à identifier le bon contrat, les comparateurs en ligne permettent d’avoir un premier aperçu des offres disponibles sur le marché, avec une estimation tarifaire rapide et sans engagement. Mais pour finaliser sa décision, mieux vaut faire appel à un professionnel. Il partira des besoins identifiés pour véritablement négocier, ou renégocier auprès du prestataire actuel à la fois les tarifs et les prestations ajustables. Il est important aussi de bien prendre en compte les éléments administratifs, car certaines compagnies d’assurance ou mutuelles prennent plus que d’autres en charge le travail de back office demandé à l’entreprise. Enfin, au moment de se décider, la qualité de relation, voire de confiance avec son interlocuteur doit également servir de guide, car si la mise en place du contrat ne respecte pas les règles, c’est la responsabilité de l’entreprise qui est engagée.

Anticiper auprès des salariés

Avant d’envisager la conclusion d’un nouveau contrat de complémentaire santé, il faut d’abord mettre fin à celui qui est en cours. Surtout, cette échéance doit être anticipée auprès des salariés, autant de ceux affiliés à la mutuelle d’entreprise, que de ceux qui ne le sont pas. Du fait du caractère obligatoire de la mutuelle d’entreprise, la résiliation d’un contrat doit s’accompagner d’une souscription à une autre assurance santé. Il est donc impératif d’informer les salariés individuellement, par courrier recommandé, de préférence plusieurs mois à l’avance du changement de prestataire. Afin d’avoir le temps de procéder à ces “réglages” internes, il faut par ailleurs retarder l’entrée en vigueur du nouveau contrat. En amont, il est nécessaire de mettre un terme au contrat en cours en respectant le délai de préavis (en général deux mois) et la date à laquelle le contrat doit prendre fin, que ce soit à l’échéance ou en cours de contrat. Reste une dernière dimension à prendre en compte lorsque l’on se penche sur la complémentaire santé. Souvent, les compagnies qui proposent de telles prestations commercialisent aussi tout un panel de contrats d’assurance. Si l’on revoit la complémentaire santé, pourquoi ne pas remettre à plat l’ensemble des contrats de la clinique, ou au moins quelques-uns ? « à ce stade, on peut aller plus loin et en profiter pour renégocier par exemple le contrat de prévoyance », note Jean-Yves Du Gardin. Le fait de grouper les contrats donne bien évidemment plus de poids pour négocier des tarifs attractifs. L’occasion peut donc être intéressante à saisir pour alléger ses charges, proposer un service supplémentaire – ou plus intéressant – à ses collaborateurs avec la prévoyance, mais aussi pour optimiser d’autres contrats d’assurance.

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