La perspective antispéciste

Comme Jean-Baptiste Del Amo (l’auteur de Règne animal ), Camille Brunel fait partie d’une génération d’écrivains qui ont décidé de mettre leur plume au service de la cause animale et d’élever ce combat à une dimension artistique et philosophique. Le critique de cinéma a publié en août un roman, une dystopie crépusculaire condamnant par l’absurde la violence humaine, celle que notre espèce fait subir aux autres comme celle que, par réaction, des militants animalistes pourraient vouloir exercer sur leurs semblables. Multipliant attentats et exécutions aux quatre coins du globe, Isaac, le héros du livre, en est la figure extrême et emblématique. En lui donnant l’occasion d’argumenter ses positions radicales, le récit nous éclaire de l’intérieur, avec une éloquence surprenante, un activisme que l’on a souvent tendance à dénigrer sans bien y prêter attention. Le jeune auteur publie à présent un nouvel opus, recueil de ses critiques cinématographiques autour de la représentation des animaux, thématique dont il est spécialiste. Plus ambitieux qu’un inventaire de films d’intérêt animalier, le livre offre une grille de lecture – celle de l’antispécisme – qui ouvre le champ de l’analyse cinématographique de manière imprévue. La lecture de l’essai incite à revoir les nombreux films cités, la plupart récents (de Grizzly Man à Jurassic World , en passant par Elle et Petit Paysan ), d’un œil libéré de tout anthropocentrisme, considérant les animaux pour eux-mêmes, non plus comme des allégories.
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