Échanges de bons procédés en antibiothérapie - La Semaine Vétérinaire n° 1784 du 26/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1784 du 26/10/2018

COLLOQUE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE   

Le colloque « Plan ÉcoAntibio, une antibiothérapie responsable en élevage » a été l’occasion pour les éleveurs et les vétérinaires, réunis le 3 octobre à Cournon, d’échanger sur leurs pratiques et leurs difficultés pour réduire l’utilisation des antibiotiques.

Dans le cadre du Sommet de l’élevage de Cournon (Puy-de-Dôme), la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) a organisé, le 3 octobre, un colloque, intitulé « Plan ÉcoAntibio, une antibiothérapie responsable en élevage », à destination d’un public d’éleveurs et de vétérinaires.

Face au développement de l’antibiorésistance au niveau mondial, le plan global de lutte ÉcoAntibio 11 a été mis en place en 2012 pour une durée de cinq ans par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Comme l’a rappelé Cécile Adam, chargée d’études au bureau des intrants et de la santé publique en élevage de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), l’antibiorésistance avait diminué en 2016 et l’utilisation des antibiotiques avait été réduite de 37 %. Le plan, dont l’objectif était de répondre à cet enjeu de santé publique par une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques, a donc conduit à des résultats très positifs.

Pour continuer en ce sens et promouvoir ces avancées, le plan ÉcoAntibio 2 (2017- 2021)2, est actuellement en cours jusqu’en 2021. En effet, l’engagement des acteurs doit continuer à être soutenu, car les difficultés sur le terrain existent. Comme l’a indiqué Jérôme Chantreau, vétérinaire praticien en zone allaitante (Saint-Désiré, Allier), il n’est pas toujours facile de faire comprendre l’importance de ces changements de pratiques aux éleveurs : « Dans mon cabinet, on a diminué l’utilisation des antibiotiques de 22 %, mais tous les clients n’ont pas compris ce choix. »

Des référents locaux

Pour aider les praticiens sur le terrain, les quatre vétérinaires référents régionaux antibiotiques (Île-de-France, Pays de la Loire, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées), désignés dans le cadre du plan ÉcoAntibio 2 (mesure 7), ont un grand rôle à jouer. Ils doivent permettre de « renforcer la formation continue et l’information des vétérinaires ». Selon Laurent Mangold, référent antibiotique pour la région Rhône-Alpes, « ce ne sont pas de super cliniciens, mais ils ont un avis un peu plus éclairé sur l’utilisation raisonnée des antibiotiques, c’est tout ! ». Ces vétérinaires, assistés et formés par des experts, sont en lien avec les autorités de santé locales et peuvent répondre « de façon anonyme et confraternelle » aux questions posées par les vétérinaires praticiens ruraux sur un site internet dédié3. Par ailleurs, ils doivent informer leurs confrères des dernières recommandations pratiques en matière d’usage optimal des antibiotiques. Laurent Mangold a ainsi indiqué lors de ce colloque que l’adage “fort, vite et longtemps”, connu de tous les vétérinaires, était actuellement remis en question par les dernières études publiées4. La dose adaptée et la rapidité de mise en place du traitement restent vraies, mais il n’est pas nécessaire de traiter le plus longtemps possible : il convient de respecter une durée adaptée et suffisante pour limiter l’antibiorésistance. L’objectif doit donc être : « Plus vite, plus fort et, surtout, le moins longtemps possible ».

Des sanctions

Et comme l’ont rappelés Laurence Bremond, cheffe du service santé et protection animales de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) de l’Ain, et Maurice Desfonds, chef du service populations animales de la DDCSPP de la Loire, il est indispensable que les praticiens se tiennent au courant des pratiques à suivre, car les DDCSPP réalisent régulièrement des contrôles auprès des cliniques vétérinaires. Une trentaine (3 %) ont ainsi été réalisés en 2017 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les principaux manquements concernaient la pharmacie qui « ne doit pas être en libre service. Les médicaments doivent être délivrés par un vétérinaire et non par une auxiliaire spécialisée vétérinaire, sur une ordonnance avec examen clinique ». Le vétérinaire a un rôle essentiel pour assurer une traçabilité correcte : il doit identifier les animaux sur son ordonnance et compléter correctement le registre de visites et de traitement sous peine de sanctions financières et pénales.

Vers de nouvelles pratiques ?

Les vétérinaires ruraux doivent donc adapter leur pratique en partenariat avec les éleveurs. Comme Mathieu Guillaume, éleveur laitier dans le Rhône, et son vétérinaire, Pauline Otz, en ont témoigné, cela peut conduire à de bons résultats. En accentuant la prévention et les reformes et en diminuant l’utilisation d’antibiotiques, cet éleveur a ainsi réduit le nombre de mammites en élevage. Reste maintenant, comme l’a souligné Jérôme Chantreau, à pouvoir aussi proposer d’autres solutions alternatives de traitement aux éleveurs, telles que la phytothérapie et l’homéopathie. Mais la question de la formation et de la prescription qu’il a évoquée est restée sans réponse…

1 bit.ly/2AO0nHA.

2 bit.ly/2orLO7W0

3 antibio-ref.fr.

4 Durward-Akhurst S. A., Mair T. S., Boston R., Dunkel B. Comparison of two antmicrobial regimens on the prevalence of incisional infectons afer colic surgery. Vet. Rec. 2013;172(11):287.

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