Didier Guillaume, un atout pour l’agriculture ? - La Semaine Vétérinaire n° 1782 du 19/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1782 du 19/10/2018

GOUVERNEMENT

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Le 16 octobre, Didier Guillaume a pris le relais de Stéphane Travert au poste de ministre en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ancien sénateur de la Drôme, il se définit comme un fervent défenseur de la ruralité.

Je serai un inlassable militant, défenseur et promoteur de la ruralité et de l’agriculture française. » Le 16 octobre, lors de son discours de passation de pouvoirs, Didier Guillaume, le tout nouveau ministre en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation, s’est voulu tout de suite rassurant. Pour mieux faire passer la pilule de la loi égalim 1, qui peine à convaincre de sa réelle utilité pour garantir le juste prix aux producteurs ? Didier Guillaume est rôdé à la vie politique. Initialement agent du Trésor public, il est élu pour la première fois en 1983, en tant que conseiller municipal de Bourg-de-Péage dans la Drôme. En 1995, il en devient le premier maire de gauche, et le restera jusqu’en 2004. De 1998 à 2015, il siège au conseil général. En 2008 puis en 2014, il est élu sénateur de la Drôme. Sa nomination est plutôt bien vue chez les agriculteurs, qui le décrivent comme un fin connaisseur du monde rural. Il faut dire qu’il baigne dedans depuis toujours, étant le fils d’un éleveur ovin et lavandiculteur. De plus, de 1998 à 2002, il est conseiller de Jean Glavany au ministère de l’Agriculture et de la Pêche. Pourtant, en janvier 2018, il annonce vouloir quitter la vie politique… pour finalement changer d’avis quatre mois plus tard. « L’agriculture a un avenir en France », disait-il encore le 16 octobre. Quelle est cette agriculture ?

Une agriculture source de revenus

Lors des discussions sur le projet de loi égalim au Sénat, Didier Guillaume se montrait enthousiaste… et vigilant. « Vous proposez une nouvelle méthode, celle de la construction des prix. Alors, je vous dis banco pour faire en sorte que cela fonctionne, dit-il à Stéphane Travert. Tout en rappelant de « rester attentifs au comportement de la grande distribution et des transformateurs : en dépit des bonnes intentions et mesures du texte, je crains qu’ils n’aient encore les mains libres. » Pour Didier Guillaume, l’urgence est bien le rétablissement d’un revenu décent pour les agriculteurs. Pour exemple, lors de la séance du 2 juillet 2018, il souligne l’importance de contrôler les produits bio importés « pour protéger le revenu des agriculteurs bio français ». Le 25 septembre 2018, il pointe du doigt la suppression de l’exonération des charges patronales pour les saisonniers agricoles prévue par le projet de loi finances 2019, en incohérence avec l’esprit de la loi égalim : « Quand je vois un ministre de Bercy répondre à une question sur l’agriculture, je m’inquiète terriblement. » Il s’est aussi régulièrement préoccupé du sort du pastoralisme face aux attaques des loups. En juin 2018, il lance un cri d’alarme à Stéphane Travert : « Aujourd’hui, il faut choisir entre le pastoralisme et le loup, entre l’éleveur et le prédateur ! Moi, je choisis l’éleveur, le loup n’étant plus une espèce en voie de disparition. »

Allier agriculture et environnement

Ses mandats dans la Drôme, premier département bio de France, lui auront-ils construit une sensibilité écologique ? Cela semble être le cas. En 2014, alors que Didier Guillaume est rapporteur du projet de la loi d’avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt, il souligne l’importance de la transition agro-écologique. « Personne ne pourra s’abstraire du mouvement. ( ) Il faut transformer nos moyens de production, pour continuer à produire, et produire plus, c’est indispensable, mais aussi produire mieux. » Cependant, à ses yeux, produire et consommer autrement ne vont pas forcément de pair. « J’en ai marre des végétariens, dit-il en 2016 dans un reportage de Public-Sénat 2. ( ) Si on mange moins de viande, les éleveurs vont crever ; il faut être cohérent. Je respecte les choix alimentaires de chacun, mais il faut manger ces produits. » Par ailleurs, en juin 2018, au Sénat, en réponse à la proposition dans le projet égalim d’une expérimentation de deux ans dans les services de restauration collective scolaire d’un menu végétarien, à base de protéines animales ou végétales, il soutient qu’« au moment où les bouchers et les charcutiers demandent à être défendus parce qu’ils se font attaquer par des gens sectaires, on ne va pas dire au Parlement que manger de la viande, c’est mal. Ce serait émettre un mauvais signal. (…)Pour ma part, j’attends qu’une étude scientifique ou que la faculté de médecine vienne nous dire qu’il est mauvais de manger de la viande. » Cette prise de position n’a pas empêché à l’article d’être adopté. Au final, plus que d’un produit sain, le ministre semble être le défenseur d’un produit de qualité. « Je me fiche que les produits servis en restauration collective soient bio ou non, déclarait-il lors de cette même séance. Ce qui m’importe, c’est qu’ils soient de bonne qualité nutritionnelle. »

1 Loi issue des états généraux de l’alimentation.

2 bit.ly/2yvhuMK. Autre source : .

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