Brexit sans accord, un « cauchemar logistique » selon la BVA - La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 11/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 11/10/2018

ROYAUME-UNI

ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA 

Pour la British Veterinary Association (BVA), un No deal Brexit pourrait exacerber les pénuries existantes de main-d’œuvre, qui serait de plus confrontée à une augmentation des contrôles des mouvements d’animaux vivants et de produits d’origine animale.

Le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) devrait être consommé le 29 mars 2019. La perspective d’un No deal Brexit, à savoir une sortie des Britanniques de l’Union sans accord pour l’encadrer, inquiète particulièrement la British Veterinary Association (BVA). Le département de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (Defra) du gouvernement britannique a en effet publié fin septembre une série de notices techniques portant sur les voyages d’animaux domestiques1 et l’importation et l’exportation d’animaux et de produits d’origine animale en cas de No deal .Pour la BVA, un Brexit dur pourrait conduire à « un cauchemar logistique » pour les effectifs vétérinaires et entraîner un sérieux problème de personnel chez les professionnels en charge de la certification des animaux et des produits d’origine animale entrant et sortant du Royaume-Uni.

Le retour du titrage antirabique ?

Les animaux de compagnie pourraient toujours voyager du Royaume-Uni vers l’UE, mais les documents obligatoires et les contrôles de santé augmenteraient. Dans l’hypothèse où le Royaume-Uni obtiendrait dans le Pet Travel Scheme (ensemble des règles relatives au transport des animaux de compagnie) le statut de pays tiers non inscrit, les chiens, les chats et les furets devraient alors subir un titrage des anticorps antirabiques pour prouver qu’ils ont bien été vaccinés, test effectué au moins 30 jours après l’injection et moins de 3 mois avant la date de leur voyage. Un certificat de santé délivré par un vétérinaire officiel, valable 10 jours à compter de la date d’émission et jusqu’à l’entrée dans un des États membres de l’UE, serait aussi nécessaire pour voyager avec son animal.

Multiplication des certifications vétérinaires

Les exportations d’animaux et de produits d’origine animale continueraient sous réserve que l’UE inscrive le Royaume-Uni comme pays tiers reconnu. Et même si l’accès au marché unique était accordé, un Brexit dur pourrait entraîner une augmentation de 325 % du volume de produits nécessitant une certification vétérinaire à leur arrivée ou à leur sortie du pays.

La BVA est également préoccupée par le fait qu’elle n’a pas encore été contactée pour participer au processus de test et de formation de la nouvelle version du Trade control and expert system (Traces), l’outil de certification vétérinaire utilisé par l’UE pour contrôler l’importation et l’exportation d’animaux vivants et de produits d’origine animale. Comme les vétérinaires seront les premiers utilisateurs du nouveau système, il est important de les impliquer dans cette démarche afin d’opérer une transition en douceur avant le mois de mars.

Pénuries de main-d’œuvre amplifiées

Pour l’association, un No deal Brexit pourrait exacerber les pénuries existantes de main-d’œuvre et les problèmes de recrutement. Elle demande que les vétérinaires soient réintégrés sur la liste des professions en pénurie, pour se prémunir contre le manque d’effectifs. Chaque année, près de la moitié des praticiens qui s’inscrivent au Royaume-Uni viennent de l’UE et 95 % des vétérinaires officiels travaillant dans des abattoirs sont étrangers, principalement originaires de l’UE. Pour le président de la BVA, Simon Doherty, « le risque de pénurie de vétérinaires travaillant dans des abattoirs ou effectuant des certifications est bien documenté. Mais les impacts pourraient également être vivement ressentis dans le secteur des animaux de compagnie si de nouvelles exigences en matière de transport entraînaient une augmentation de la demande de vétérinaires réalisant les vaccinations antirabiques et les tests avant de voyager. Il est fort probable que les propriétaires seront non seulement affectés par des pénuries de vétérinaires, mais feront également face à de longues attentes et à des coûts supplémentaires pour autoriser un animal à quitter le Royaume-Uni ». La BVA continue de dialoguer avec le gouvernement pour faire valoir les besoins en personnels vétérinaires et expliquer les multiples avantages de l’emploi de praticiens européens pour la santé et le bien-être des animaux ainsi que pour la santé publique.

1 goo.gl/LGwVLf.

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