PPA en Belgique : comment agir - La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018

ÉPIDÉMIOSURVEILLANCE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Face à l’arrivée de la peste porcine africaine sur le territoire belge, le vétérinaire praticien a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre la maladie.

L’annonce a été foudroyante pour les éleveurs. » Jeanne Dupuis, membre de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP), ne mâche pas ses mots quand elle parle de l’arrivée de la peste porcine africaine (PPA) en Belgique. Passé l’effet de surprise, l’heure est à la mobilisation générale. Les autorités sanitaires ont rapidement instauré un plan de surveillance renforcée dans les départements proches de la zone à risque, à savoir les Ardennes, la Meuse, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle. « Sous l’impulsion du vétérinaire Alain Meyer, référent local OVVT 1 , les praticiens ont répondu présents pour les visites obligatoires prévues par le plan dans la zone d’observation renforcée », souligne Patrick Bourguignon, vétérinaire à la commission porcine de la Société générale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et référent peste porcine au côté de Philippe Le Coz, président de la commission. Que les vétérinaires soient concernés ou pas par le plan, tous ont un rôle à jouer dans la lutte contre la maladie. Que doivent-ils faire ?

- Se mettre à jour. Les sites belges du Réseau de surveillance sanitaire de la faune sauvage2, du service public de la Wallonie3 ou de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca)4 informent des dernières actualités sur la circulation de la maladie. En France, la plateforme ESA5 publie aussi des points d’étapes.

- S’informer de la maladie. « À la demande de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), la SNGTV est en train de finaliser une formation à destination des vétérinaires, souligne Patrick Bourguignon. Elle sera théoriquement opérationnelle courant octobre. » D’autres formations sont prévues : une pour les praticiens sur les techniques de prélèvement sanguin chez le porc et une deuxième, en collaboration avec l’Ifip, Institut du porc, pour les éleveurs sur la biosécurité. De plus, la commission porcine a rédigé une fiche synthétique sur la PPA à destination des vétérinaires sanitaires. Elle rappelle les signes cliniques, les lésions nécropsiques, les critères de suspicion de la maladie, le diagnostic différentiel, ainsi que les principales mesures de biosécurité à mettre en place dans les élevages. « Au début, les signes cliniques peuvent être très semblables à ceux d’une grippe, avec quelques animaux abattus, hyperthermiques et anorexiques, les signes plus caractéristiques pouvant se manifester une semaine après », précise Patrick Bourguignon. De plus, « la diffusion de la maladie est parfois lente. Elle peut rester circonscrite à une sous-unité épidémiologique de l’élevage, que ce soit une case ou une salle, pendant un certain temps. Une fois l’élevage touché, l’éleveur ne va pas obligatoirement observer d’hécatombe ! » Et ce d’autant plus que les principes de biosécurité internes sont respectés.

- Sensibiliser. « Les praticiens doivent renforcer leur rôle de conseiller en biosécurité dans les élevages et informer leurs clients des signes d’alerte de la maladie et de la conduite à tenir en cas de suspicion », souligne Jeanne Dupuis. « Attention à bien informer les éleveurs chasseurs, ou ceux qui emploient un salarié qui chasse, des bonnes pratiques de biosécurité externe, complète Patrick Bourguignon. Il faut également insister sur le danger “sandwich”, en rappelant qu’il est interdit de manger dans les exploitations 6 . »

- Déclarer rapidement en cas de suspicion. « Le praticien ne doit pas avoir d’état d’âme dès lors qu’il observe les critères de suspicion de la maladie ; dans le doute, il doit déclarer », explique Patrick Bourguignon. Ainsi, une autopsie ne sera réalisée que si elle ne retarde pas une déclaration basée sur des critères cliniques ou de mortalité. De plus, tout examen complémentaire effectué dans le cadre du diagnostic différentiel ne sera justifié qu’à la condition qu’au moment de la découverte du tableau clinique, les signes et les résultats d’examens disponibles permettent d’exclure avec certitude la maladie. Il convient d’appeler la direction départementale de la protection des populations (DDPP) ou, en dehors des heures d’ouverture, la préfecture, avant tout envoi de prélèvement.

- Être vigilant vis-à-vis des élevages familiaux. « Dorénavant, tout détenteur d’au moins un seul porc a l’obligation de se déclarer aux autorités, précise Jeanne Dupuis. L’objectif est d’avoir une idée du nombre et de la répartition des élevages familiaux sur le territoire national. Car ils sont les plus susceptibles de ne pas respecter les principes de biosécurité. » Ainsi, il conviendra pour le vétérinaire de repérer tous les détenteurs isolés, y compris les particuliers possédant un porc de compagnie, et de les sensibiliser.

1 Organisation vétérinaire à vocation technique.

2 faunesauvage.be/faune-sauvage.

3 bit.ly/2MJe4dD.

4 afsca.be/ppa/.

5 plateforme-esa.fr.

6 Le virus peut persister trois ans dans de la viande congelée, et plusieurs mois dans les salaisons.

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