Perspectives : des cellules souches pour traiter les tendinopathies et arthropathies - La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018

THÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

À travers l’étude rétrospective menée dans sa thèse, notre consœur Gwladys Malek1 évalue l’efficacité thérapeutique de la médecine régénérative pour traiter 23 cas de tendinopathies et cinq d’arthropathies chez des chevaux de sport.

Des cellules souches aux nombreuses capacités

La médecine régénérative peut être une perspective d’amélioration des lésions, parfois irréversibles, des tendons et articulations du cheval de sport. L’organisation et les propriétés biomécaniques du tissu cicatriciel des tendons sont différentes de celles du tissu originel et les traitements des tendinopathies ne garantissent pas une cicatrisation complète ni un retour aux performances initiales, malgré une longue période de repos. De même, les capacités de cicatrisation du cartilage des articulations synoviales sont de faible qualité et lentes. L’arthropathie, ou syndrome articulaire dégénératif, est une affection quasi irréversible, qui s’autoamplifie et provoque la dégénérescence du cartilage articulaire, de l’os sous-chondral, de la membrane synoviale et de la capsule articulaire. Elle concerne les chevaux âgés, mais également les sportifs de haut niveau, et aucun traitement ne permet de la soigner ni de soulager durablement les chevaux qui en sont atteints.

Les cas étudiés dans cette thèse ont été traités à la clinique Groupe vétérinaire équin à Drocourt (Yvelines) par injection (intratendineuse pour les téndinopathies et intra-articulaire pour les arthropathies) de cellules souches adultes mésenchymateuses issues de la muqueuse alvéolaire2.

Ces cellules, provenant du tissu mésodermique, sont multipotentes, c’est-à-dire capables de se différencier en plusieurs types cellulaires, mais en nombre limité : ténocytes (tendons et ligaments), ostéoblastes (os), chondrocytes (cartilage), fibroblastes (tissu cicatriciel), myocytes (muscles) et adipocytes (tissu adipeux). Les cellules souches mésenchymateuses favorisent la cicatrisation en libérant, entre autres, des facteurs qui ont une action anti-inflammatoire et antiseptique, améliorant la perfusion sanguine locale, et ralentissent le processus de mort cellulaire, notamment. Elles sont également capables d’autoguidage lésionnel, c’est-à-dire de migrer spécifiquement vers un tissu dont elles se différencient.

Un taux de réussite encourageant

Dans l’étude, environ 80 % des animaux ne présentent pas d’inflammation postinjection. L’injection a une action bénéfique sur la douleur (73,9 % des cas), la chaleur et la boiterie (82,6 %) et la déformation (43 %) 1 à 2 mois après traitement dans les tendinopathies. Seule une réduction de la douleur dans 20 % des cas d’arthropathie est notée, en revanche, la boiterie diminue chez tous les animaux sur le court terme. Une amélioration des images échographiques est également notée. Ces résultats restent stables sur le long terme (6 à 8 mois après traitement).

Enfin, le taux de reprise d’une activité similaire au niveau initial est de 73,9 % pour les tendinopathies 4,6 mois après injection et de 60 % des cas d’arthropathies 3,7 mois après injection, selon le membre atteint, la sévérité de la lésion et la discipline pratiquée. Ces résultats ne sont cependant pas significatifs en raison du faible nombre de cas et une étude prospective serait à envisager.

De plus, le repos et la remise au travail progressive restent nécessaires à un bon résultat pour ces affections, ainsi que la correction d’une éventuelle instabilité articulaire avant l’injection des cellules dans les cas d’arthropathie.

1 Malek G. Traitement par injection de cellules souches mésenchymateuses appliqué à l’appareil locomoteur des équidés : étude rétrospective de 23 cas de tendinopathies et de 5 cas d’arthropathies. Thèse de doctorat vétérinaire, VetAgro Sup. 2018:184p.

2 Laboratoire StemT spécialisé en thérapie cellulaire vétérinaire.

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