L’Académie vétérinaire se prononce sur la lutte contre les hypertypes canins - La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018

ÉTHIQUE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : VALENTINE CHAMARD 

L’institution n’hésite pas à qualifier les troubles liés à la production d’animaux hypertypés de « maltraitances programmées » et enjoint tous les acteurs de la filière à se mobiliser, dont les vétérinaires.

C’est le sujet du moment dans la filière canine. La lutte contre les hypertypes canins mobilise la profession à l’échelle internationale1. L’Académie vétérinaire de France s’est aussi penchée sur le sujet avec une séance dédiée en décembre 2017 et la constitution d’un groupe de réflexion chargé de synthétiser sa position dans un avis, voté à l’unanimité en juin dernier. En préambule, l’institution rappelle que l’engouement pour des races populaires engendre « une importante demande souvent satisfaite par des filières de production et de commercialisation hors LOF 2 , sans qu’aucun contrôle du type ne soit exercé » et que « l’exagération de certaines caractéristiques physiques, recherchée par le public et accentuée par un effet de mode, a amené des organismes vétérinaires internationaux tels que la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA) ou la Federation of European Companion Animal Veterinary Associations (Fecava) à mettre en garde contre la recherche de sujets présentant “toujours plus de types”, tendance qui conduit des éleveurs à sélectionner des sujets hypertypés, déviance aboutissant à des morphotypes dont la santé et le bien-être pourraient être compromis ».

Un morphotype peut être modifié en trois ou quatre générations dans un élevage

L’académie considère que chaque chien devrait présenter des aptitudes physiques et comportementales correspondant à la finalité de son groupe de races et que « faute de respecter ces principes, la production de sujets hypertypés conduit souvent à des états pathologiques graves (…) ». Elle estime même que ces troubles « peuvent être assimilés à des maltraitances programmées ». Elle ajoute que « dans un cadre où les reproducteurs réputés sont sollicités à l’excès, la sélection consanguine modifiant rapidement un phénotype, une pression sélective trop forte modifie l’aspect des sujets en trois ou quatre générations dans un élevage, un peu moins vite à l’échelle d’une race ».

Les vétérinaires ont un rôle de conseil à jouer

L’académie émet des recommandations destinées aux différents intervenants de la filière. Elle encourage ainsi les vétérinaires à « contribuer à la rédaction des standards par leurs commentaires techniques, à la mise en place, au sein des clubs de races, de protocoles d’examens standardisés, fiables, dont les conclusions informent clairement sur le statut des reproducteurs inclus dans un programme d’élevage et de sélection et à l’information et la sensibilisation des éleveurs, clubs de races, juges qualifiés et du public aux notions de santé et de bien-être ». Elle incite également la profession à constituer une base de données sur les observations relatives à la pathologie et au traitement des sujets hypertypés. En ce qui concerne les éleveurs, l’académie leur recommande « de sélectionner des sujets conformes au type, en consanguinité large au sein d’une même race, en limitant notamment le nombre de saillies des étalons » et de « respecter les standards de race, sans rechercher le type extrême, en considérant l’hypertype comme une erreur de sélection, morphologique et/ou comportementale, potentiellement préjudiciable à la santé individuelle et à celle de la race ». Elle encourage les juges de concours à « jouer pleinement leur rôle de conseiller d’élevage en se refusant à récompenser des sujets hypertypés ». Enfin, les responsables administratifs sont appelés à « veiller à ce que la cession des chiots soit en parfaite conformité aux dispositions de l’article L.214.8 du Code rural » et à « encourager la suppression de messages publicitaires mettant en scène des hypertypes ».

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1739 du 10/11/2017, page 28.

2 Livre des origines français.

Pour en savoir plus :

Document de présentation de l’avis de l’Académie vétérinaire de France sur la nécessité de renforcer la prévention et la lutte contre les “hypertypes” canins adopté en séance académique le 21 juin 2018 : bit.ly/2Pfsd4b.

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