Géolocaliser les nids de frelons asiatiques - La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1780 du 05/10/2018

ABEILLES

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Les chercheurs de l’Inra, avec ceux de l’université anglaise d’Exeter, ont équipé des frelons asiatiques de balises émettrices, afin de localiser leurs nids. Le test, concluant, ouvre la perspective d’une nouvelle méthode de lutte contre ce prédateur des abeilles.

Depuis son arrivée en Aquitaine en 2004, le frelon asiatique ne cesse d’étendre son territoire, qui couvre actuellement 70 % de la métropole. Redoutable prédateur des abeilles domestiques, il fait l’objet de nombreuses recherches, l’objectif étant, à terme, de limiter son impact sur les ruches. Récemment, une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), en collaboration avec l’université d’Exeter (Royaume-Uni), ont développé une technique pour géolocaliser leurs nids. En pratique, des frelons ont été capturés aux ruches, à l’aide d’un filet à papillon. Après une anesthésie au froid, une balise émettrice a été placée en face ventrale de l’insecte. Après une phase de réapprentissage du vol en cage avec l’appareil, le frelon a été relâché et suivi, la balise ayant une capacité de signal de 200 mètres et une autonomie d’environ 48 heures. « Nous avons travaillé avec une quinzaine de balises, en zone urbaine, aux alentours de Bordeaux (Gironde), explique Denis Thiéry, de l’unité mixte de recherche en santé et agroécologie du vignoble à l’Inra de Bordeaux. Avec 12 balises qui ont pu être suivies et 8 nids détectés, nous pouvons dire que nous avons établi une preuve de concept. Des essais menés sur l’ïle de Jersey dans le cadre de cette étude ont également donné des résultats concluants, avec la localisation de 8 nids en 5 jours. »

Une méthode à structurer

La balise, fabriquée en Allemagne spécialement pour l’expérimentation, pesait entre 200 et 300 μg et coûtait 140 euros, auxquels il fallait ajouter le prix de l’équipement de détection (antenne et logiciel) pour le suivi des frelons. « L’idéal serait d’utiliser des balises jetables, bien moins chères », souligne le directeur de recherche. De plus, il serait selon lui plus efficace, pour développer cette technique, de l’inscrire dans une politique de lutte régionale ou sub-régionale. « Actuellement, la destruction des nids est principalement assurée par les apiculteurs. Or, pour être efficace, il faudrait, comme nous l’avons fait en Aquitaine, mettre en place un réseau, précise Denis Thiéry. Prochaine étape : en 2019 la méthode sera testée à plus large échelle, à condition de trouver des financements. « Ce serait intéressant d’équiper les fondatrices, pour une destruction plus précoce des nids, précise le chercheur. à noter que ces premiers essais n’ont pu avoir lieu qu’en septembre. En théorie, la période idéale de détection des nids est en juin, juste avant le début de la saison de prédation.

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