Précisions sur le syndrome métabolique équin - La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018

THÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

La thèse 1 de notre consœur Jessica Meline établit un tableau épidémiologique, clinique et biologique du syndrome métabolique équin (SME), et pointe ce qui le différencie du syndrome de Cushing, avec lequel il est souvent confondu.

Une étude rétrospective

Une étude rétrospective de 469 équidés de la clientèle du Laboratoire de dosage hormonaux vétérinaire d’Oniris confirmés atteints de SME entre 2011 et 2016 montre l’installation d’une insulinorésistance, qui favorise le développement de fourbure chez des individus en surpoids.

Les résultats épidémiologiques montrent que ce sont majoritairement des poneys (49 %) encore en activité (68 %) qui sont atteints de SME, sans prédisposition de sexe, et avec un âge moyen dans l’étude de 14 ans, significativement plus faible que celui des équidés souffrant du syndrome de Cushing (20,1 ans).

La clinique

Sur le plan clinique, les équidés atteints de SME sont souvent fourbus (93 %), léthargiques (65 %) et obèses (56 %), et ceux qui sont atteints du syndrome de Cushing sont plus souvent hirsutes (80 %, contre 25 % chez ceux qui ont un SME) et maigres (31 %).

De plus, l’obésité favorise la mise en place de la fourbure. Ces résultats vont dans le sens du consensus publié en 2010 par le Collège américain de médecine interne vétérinaire, qui donne les trois composantes majeures du SME : régionalisation de dépôts graisseux et/ou obésité, insulinorésistance accompagnée d’une hyperinsulinémie et prédisposition à la fourbure 2. L’âge plus élevé des animaux atteints d’hirsutisme pourrait évoquer qu’ils souffrent d’un SME ancien, ayant évolué vers une insuffisance hépatique et un dysfonctionnement hypophysaire.

Les analyses biologiques

Sur le plan biologique, la glycémie est normale (entre 0,6 et 1,2 g/l) chez 68 % des équidés atteints de SME et significativement plus élevée chez les animaux âgés. Le taux d’ACTH (hormone corticotrope) est plus élevé chez les équidés atteints du syndrome de Cushing et chez les individus maigres atteints de SME.

Supérieure à 40 µUI/ml, l’hyperinsulinémie concerne l’ensemble de la population SME (supérieure à 120 µUI/ml chez 67 % d’entre eux, médiane de 189 µUI/ml), et elle concerne davantage les poneys et les animaux fourbus.

Une prolactinémie normale (inférieure à 15 ng/ml) est notée chez 75 % des individus atteints de SME, en revanche elle est très élevée (supérieure à 30 ng/ml) chez les hirsutes, avec une saisonnalité (de juin à août), chez les femelles comme chez les hongres.

Une hypercortisolémie (supérieure à 150 nmol/l) est considérée comme un élément pronostique défavorable (elle est normale chez 74 % des SME). Les valeurs de cortisolémie sont plus grandes chez les ânes, mais le manque de données bibliographiques ne permet pas de conclure que ces valeurs sont anormales.

Effectuer un bilan endocrinien complet

Enfin, la réalisation d’un bilan endocrinien complet est nécessaire. L’absence de fourbure au diagnostic (la fourbure est un critère d’avancement de la maladie) et la mise en place de mesures diététiques de manière rapide améliorent le pronostic. La surreprésentation des poneys pourrait s’expliquer par une gestion quotidienne moins rigoureuse de l’équilibre de la ration et de l’absence d’une activité régulière. Chez les poneys, l’amélioration biologique apparaît plus tardivement, en raison notamment d’une hyperinsulinémie plus forte et la mise en place d’une insulinorésistance plus difficile à traiter. Les propriétaires de poneys doivent ainsi faire preuve de rigueur et de motivation concernant la mise en place des mesures diététiques avant de pouvoir constater une amélioration et un retour à un état d’insulinosensibilité.

1 Meline J. Le syndrome métabolique équin : étude rétrospective de 469 cas. Approche diagnostique et facteurs pronostiques. Thèse de doctorat vétérinaire, faculté de médecine, Nantes. Oniris. 2017:166p.

2 Frank N, Geor RJ, Bailey SR et coll. Equine metabolic syndrome. ACVIM consensus statement. J. Vet. Int. Med. 2010;24:67-475.

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