La Commission européenne fait le point sur l’élevage de lapins - La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018

FILIÈRE CUNICOLE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : SAMUEL BOUCHER  

Un rapport de la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire (DG Santé) de la Commission européenne montre que l’Espagne, la France et l’Italie sont les trois principaux producteurs. Le système conventionnel représente 85 % de la production totale de l’Union.

En mars 2017, le Parlement européen1 appelait la Commission européenne à présenter une proposition législative pour définir des normes minimales permettant d’assurer le bien-être des lapins d’élevage. « Nous devons nous éloigner de cette pratique qui enferme les lapins dans des cages, disait alors le rapporteur de la résolution. Nous devons établir des normes minimales pour protéger ces animaux, tout comme nous le faisons pour les poules pondeuses, les porcs et les vaches. » Dans ce cadre, la DG santé de la Commission avait lancé une enquête dont l’objectif était de réaliser un état des lieux de la filière en Europe. Le rapport2 a été publié ce printemps.

Une production concentrée

L’Europe compte 161 000 exploitations dont environ 4 500 élevages professionnels. L’Espagne est le principal producteur avec 48,5 millions de lapins abattus en 2016, suivie par la France avec 29 millions et l’Italie, avec une estimation de 24,5 millions. Ces trois pays représentent 83 % de la production totale de l’Union européenne. Au total, 180 millions de lapins sont élevés pour la consommation. Deux tiers proviennent d’exploitations commerciales et sont abattus dans des abattoirs agréés. Un tiers sont produits dans des basses-cours et destinés au circuit court. Les lapins occupent la sixième place en nombre d’animaux d’élevage tués pour la consommation humaine (après la volaille, les poules pondeuses, la truite, le saumon et les porcs) et la huitième en volume de viande avec quelque 168 000 tonnes (après la viande ovine, mais avant la viande caprine).

Des élevages en baisse

Au cours des dix dernières années, la consommation européenne de lapin a chuté de 19 %, sauf en Belgique et aux Pays-Bas, ces deux pays ne représentant que 2,5 % de la production européenne. Pour arriver à une consommation de viande de 0,5 kg par personne et par an. En cause : des changements d’habitudes de consommation en faveur des produits de consommation courante, une perception accrue du lapin comme animal de compagnie, des attentes de prix par rapport à ceux des autres viandes, et notamment des volailles. La conséquence est une baisse du nombre d’exploitations de 20 % en Hongrie au cours des cinq dernières années et de 40 % en Espagne et en Italie au cours des dix dernières années. En Belgique et aux Pays-Bas, le nombre de fermes a diminué de 70 % au cours des 20 dernières années.

Des élevages surtout conventionnels

L’élevage conventionnel représente 85 % de la production totale de l’Union européenne, les cages aménagées 9 % et le système parc 6 %, avec une grande variabilité suivant les états membres. Quand la Hongrie et les Pays-Bas ont adopté le parc à respectivement 40 et 60 %, la France et l’Italie atteignent à peine les 4 %. En système conventionnel, les lapins sont élevés en cages individuelles de 38 à 40 cm de large sur 1 mètre de long et 32 à 40 cm de haut. Les densités vont de 5 à 50 kg/m2 selon les pays et les stades physiologiques de production. Dans les cages aménagées, la hauteur est relevée à 60 cm, et une “mezzanine” augmente la surface disponible au sol. Les densités y descendent à 40 kg/m2. Elles proposent, de plus, aux lapins des objets à ronger. Enfin, les “parcs” sont longs de 180 à 200 cm et larges de 100 cm, non fermés sur le dessus. Ils possèdent des plates-formes de 45 cm de largeur et des matériaux d’enrichissement tels que des bâtons à ronger et des tubes pour se cacher. Les densités maximales sont de 30 kg/m2. Les lapins disposent ainsi d’un espace supplémentaire prévu pour sauter, se lever et se déplacer, et se cacher. Néanmoins, on y observe des niveaux de mortalité et de morbidité plus élevés liés aux batailles générées par le mélange des portées et la maturité sexuelle. Les deux derniers systèmes rendent plus pénible le travail de l’éleveur.

1 bit.ly/2DzKecf.

2 bit.ly/2O0Sg1V.

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