« Apporter des outils concrets aux vétérinaires pour rendre leur entreprise attractive » - La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018

DOSSIER

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NEVEUX  

L’association Ergone, dédiée aux vétérinaires entrepreneurs organise son 9 e forum les 11 et 12 octobre, au siège de Boehringer Ingelheim à Lyon (Rhône). Cette année, le thème porte sur la marque employeur et l’attractivité des entreprises vétérinaires. Tour d’horizon avec Pierre-Marie Cadot, président d’Ergone.

Quel sera le format du forum cette année ?

Il y aura deux jours de partage d’expérience rythmés par l’intervention d’experts et l’organisation de workshops et de tables rondes. Le forum sera l’occasion d’apporter tout d’abord des outils concrets aux vétérinaires pour rendre leur entreprise attractive, de leur donner des idées d’actions, afin de motiver et d’engager leurs salariés, et enfin de prendre conscience des futures formes de travail. D’accroître leur réseau.

Autour des changements qui se profilent au niveau de l’exercice des confrères : quel est l’impact des regroupements des cliniques, du digital ? Comment Ergone accompagne ces évolutions ?

L’association Ergone aborde année après année les différents enjeux du changement qui touchent les entreprises vétérinaires. Lors du forum 2016, nous avons, avec les participants, coconstruits le manifeste Ergone de l’entreprise vétérinaire de demain. Dans celui-ci, nous identifions plusieurs enjeux structurants, desquels effectivement le changement de l’environnement extérieur des entreprises est ressorti en premier, avec de nouvelles possibilités de regroupement de cliniques (l’analyse des risques et opportunités et un travail à produire par les associés). Le second enjeu identifié est une nécessaire vision stratégique commune formalisée pour penser l’association dans un mode de vision stratégique et pas seulement comme une mise en commun de moyens.

Notre marché s’est structuré depuis quelques années avec l’apparition de groupements d’intérêt économique (GIE) associant plusieurs entreprises vétérinaires autour des achats et éventuellement de la formation continue, permettant une meilleure connaissance des voisins de clientèle, débouchant parfois sur des grappes locales et des réseaux de compétences locaux. Forum après forum, nous assistons à cette évolution, car les enjeux de la continuité et de l’organisation du parcours de soins sont de formidables opportunités de rapprochement d’entreprises vétérinaires. D’ailleurs, cette année, des membres de plusieurs GIE viennent en nombre au forum pour échanger et partager les initiatives “ergoniennes” innovantes. De même pour l’approche digitale, l’année passée, nous avons abordé sur une journée les enjeux et des solutions vétérinaires innovantes ont été partagées. L’un des grands principes de l’association Ergone repose sur le partage d’expérience entrepreneuriale innovante sur la thématique abordée et ensuite la mise en place par les participants qui chaque année échangent, pendant le forum, sur leurs difficultés et sur les nouvelles opportunités.

Concernant les difficultés de recrutement, thème fort de ce forum : faut-il alors repenser l’“équipe vétérinaire” ?

Se réinventer n’est plus une option mais une obligation. La guerre des talents s’intensifie et la transformation digitale impose aux entreprises de repenser leurs stratégies avec des méthodes nouvelles. Il faut attirer pour fidéliser et engager : 95 % des candidats font des recherches en ligne sur l’entreprise avant de postuler, 41 % recherchent activement une culture d’entreprise, un candidat sur deux estime que la réputation d’un employeur est un critère décisif pour déposer sa candidature.

Pendant les journées de comités de réflexion, cette année, nous avons abordé comment mettre en place des actions pour développer sa marque employeur : formalisation de la politique de cooptation, mentorat, partenariat avec les écoles et accueil des stagiaires, développement de la présence numérique, déploiement des ressources humaines.

Il faut avoir à l’esprit que nous vivons une évolution de fond : 85 % des métiers de 2030 n’existent pas aujourd’hui, un salarié sur quatre sera indépendant en 2025 et la nouvelle génération va occuper entre 10 et 15 postes différents pendant sa carrière professionnelle. La profession vétérinaire n’échappera pas à cette évolution. Il est donc urgent de s’adapter, de se connecter et de mettre en place des actions durables pour motiver et engager les collaborateurs : être, par exemple, dans un esprit “start-up” pour des salariés qui préfèrent vivre dans la découverte perpétuelle ; travailler dans la transparence et la responsabilisation avec des salariés qui ont besoin de sens ; avoir conscience du rôle essentiel du manager. Pour les associés vétérinaires, il devient nécessaire de travailler son leadership et de passer d’un style de management classique vertical à un style de management horizontal innovant favorisant l’épanouissement de l’équipe et l’expression des talents. Malheureusement, les limites du ou des dirigeants provoquent les limites de son entreprise. Nous aurons l’opportunité, pendant les ateliers, de prendre conscience et de partager des solutions déjà mises en place dans certaines entreprises vétérinaires et qui leur permettent de recruter et de performer leurs recrutements.

Les confrères chefs d’entreprise sont face à des contraintes administratives toujours pesantes : prélèvement à la source, antibiotiques, etc. Comment s’en sortir ?

Effectivement, être vétérinaire ne dispense pas des missions et devoirs du dirigeant d’entreprise. Une prise de hauteur est nécessaire pour ne pas se trouver “englué” dans ces contraintes lourdes et d’autant plus anxiogènes que notre formation initiale dans ces domaines est souvent inexistante. L’association Ergone a aussi été créée pour rompre avec l’isolement du dirigeant de l’entreprise vétérinaire qui, grâce aux rencontres pendant le forum, peut s’ouvrir sur ces contraintes, partager des contacts, élaborer des solutions avec des dirigeants déjà bien entourés de conseils et qui se sont, eux, déjà structurés et organisés pour faire face aux contraintes.

Quelles sont les nouvelles tendances qui feront le succès de la profession ?

Nous sommes une profession avec une formidable capacité d’adaptation aux évolutions de nos activités. Le “savoir faire” vétérinaire suit un développement exponentiel et s’enrichit des nouvelles technologies avec l’intelligence artificielle, les objets connectés et les nouveaux modes de communication, qui sont autant d’opportunités de devenir des vétérinaires “augmentés”. Les nouvelles attentes sociétales sont aussi des opportunités de succès pour nos entreprises qui sauront s’adapter avec les nouvelles formes de travail, le temps partagé, plusieurs activités (vétérinaire : trois jours ; projet : deux jours) dans la semaine, la mobilité, avec des parcours dans l’entreprise et entre entreprises pour fidéliser et offrir un plan de développement évolutif et personnalisé. Des entreprises qui vont accroître aussi leurs performances en structurant leurs ressources humaines, gestion, communication, QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement), en mutualisant des compétences, libérant ainsi le vétérinaire des contraintes évoquées avant. Cette structuration permettra de donner envie aux futurs vétérinaires de s’impliquer dans ces entreprisesque nous pourrons leur transmettre.

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