« Les besoins du praticien sont au cœur des stratégies de nos entreprises » - La Semaine Vétérinaire n° 1778 du 21/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1778 du 21/09/2018

ENTRETIEN AVEC JEAN-LOUIS HUNAULT

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORDEL 

Le 11 septembre, Jean-Louis Hunault a été réélu à la tête du Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV). L’occasion de revenir avec lui sur les grands chantiers à venir. Entretien.

Vous avez été réélu il y a quelques jours en tant que président du SIMV. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Pouvez-vous nous rappeler quelle est la mission première du SIMV ?

Les administrateurs du SIMV m’ont renouvelé leur confiance. C’est un réel plaisir d’exercer cette mission dans ce contexte. Conscient de cette responsabilité, j’ai le sentiment d’être utile à notre industrie. Je pense que le système qui consiste à avoir une représentation d’une fédération par un président salarié garantit aux membres une implication totale et une neutralité quant à sa prise de parole.

La mission principale du SIMV est de fédérer nos adhérents sur les intérêts collectifs de notre industrie. Nous souhaitons en effet incarner un tissu industriel très varié (médicaments, autovaccins, dispositifs médicaux, biotechnologies, etc.) qui fait notre force. Notre domaine d’activité porte énormément d’enjeux de société qui s’inscrivent dans une dimension largement européenne et internationale : santé animale, santé publique, environnement, compétitivité de l’agriculture, sécurité alimentaire, géopolitique, etc. Nous devons faire preuve de réactivité pour répondre aux attentes sociétales. Les problématiques connues par notre secteur s’articulent parfaitement avec une actualité permanente. Dans ce contexte, nous informons, conseillons, formons, représentons et observons les engagements de nos adhérents. Nous avons d’ailleurs hiérarchisé notre feuille de route et ouvrons également un cycle de renouvellement des présidents de nos groupes de travail.

Quels sont les grands chantiers qui ont mobilisé le SIMV ces 3 dernières années ?

Le SIMV s’est mobilisé et a contribué à plusieurs débats. Nous avons beaucoup travaillé sur le projet de règlement européen sur les médicaments vétérinaires. Ce sujet fut d’ailleurs le thème de notre conférence annuelle qui s’est tenue en juillet 2015. Nous avons rencontré à quatre reprises, au sein du Réseau français de la santé animale (RFSA), Françoise Grossetête, rapporteur du texte, afin de faire connaître nos propositions. Nous avons essayé de servir de simulateur d’impact pour tester l’efficacité de certaines mesures pour les acteurs de la santé animale. à ce titre, nous avons eu une très bonne articulation avec les parlementaires sur son dossier. La mise en œuvre du premier plan écoAntibio est également un chantier qui a nécessité une forte implication des industriels. Nous en pilotions 5 mesures. La réussite de ce plan repose sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs. Enfin, nous nous sommes fortement investis dans la mise en application de la loi d’avenir (octobre 2014). Il y a eu des enjeux en termes de déclaration des liens d’intérêt entre nos laboratoires et les ayants droit, et de formation de nos délégués vétérinaires. Pour ce faire, nous avons notamment mis en place un partenariat avec le Cnov qui est exemplaire.

Quel regard portez-vous sur les changements importants attendus au niveau de l’industrie du médicament vétérinaire, comme le règlement européen sur le médicament vétérinaire, l’antibiorésistance, le développement des médecines complémentaires, ou encore l’arrivée du digital ?

Face à tous ces enjeux, les industriels sont aujourd’hui perçus comme des apporteurs de solutions. Notre métier consiste aussi à accompagner ces mouvements et à compléter notre offre de services. Notre capacité d’innovation et notre savoir-faire nous permettent d’anticiper ces problématiques et de mobiliser notre recherche. Les industriels sont de plus en plus identifiés comme des interlocuteurs incontournables qui fournissent des solutions sur le terrain. Le SIMV est mobilisé pour lutter contre l’antibiorésistance et a ouvert ses statuts il y a 3 ans pour accompagner ses adhérents dans l’intégration du digital. Concernant le développement des médecines complémentaires, notre propos n’est pas de contester l’existence d’un besoin. Cependant, il faut absolument qu’il y ait un encadrement clair afin que les mots « médicament vétérinaire » apportent un niveau de confiance similaire à d’autres produits sur le marché. Si, demain, la phytothérapie est reconnue et encadrée, nous serons sur ce segment comme nous le sommes déjà par exemple sur celui des produits homéopathiques.

Comment voyez-vous la relation des industriels avec les autres acteurs de la santé animale, en particulier les vétérinaires ?

La pratique vétérinaire est indissociable du produit. Les besoins du praticien sont au cœur des stratégies de nos entreprises. Il y a aujourd’hui tout un environnement au service de la santé animale. Celui-ci intègre les nouvelles technologies, les diagnostics et les médicaments vétérinaires et l’expertise du vétérinaire. L’image du vétérinaire prescripteur doit être sanctuarisée afin de faire face aux enjeux de santé publique. Les réflexions actuellement portées au sein de Vetfuturs correspondent d’ailleurs aux problématiques que connaît notre secteur. Nous avons cette vocation à apporter des solutions qui passent par la mise en œuvre de nos traitements et la bonne observance. C’est un vrai challenge, pour nous, de voir comment nos innovations sont mises en œuvre de la façon la plus efficace possible.

Quels sont les chantiers à venir pour le SIMV ?

Je citerai la mise en œuvre de la réforme européenne sur le médicament vétérinaire. Les grands principes ont été fixés par le texte mais leur mise en application permettra de savoir si le résultat a été atteint. Le SIMV est mobilisé sur ce dossier afin d’avoir un texte le plus efficace possible. Nous devons également faire face aux émergences de différentes maladies. Les industriels doivent être perçus comme un pilier du sanitaire. Il y a une compréhension de plus en plus évidente qu’il est nécessaire de les anticiper. Cela passe notamment par l’innovation à travers des partenariats publics-privés. Le RFSA est d’ailleurs un acteur incontournable dans ce domaine. Enfin, nous souhaitons répondre efficacement aux attentes sociétales, notamment sur le bien-être animal ou encore les modes d’élevage.

propos recueillis par Michaella Igoho-Mordel

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr