Le lapin déménage - La Semaine Vétérinaire n° 1778 du 21/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1778 du 21/09/2018

FILIÈRE CUNICOLE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Lancé au printemps 2018, le projet Living Lab Lapin vise à concevoir de nouveaux systèmes de production pour les élevages de lapins, prenant mieux en compte les attentes sociétales en matière de bien-être animal.

Bientôt la fin des cages conventionnelles dans les élevages de lapins en France ? C’est possible, en témoigne le tout récent projet Living Lab Lapin (3L) 1. Lancé en avril 2018, pour une durée de trois ans, il a pour objectif de concevoir des systèmes d’élevage cunicole socialement acceptés. « L’idée est d’élaborer des prototypes de logements, qui prennent mieux en compte le bien-être animal, explique Laurence Lamothe, coordinatrice du projet à l’Institut national de recherche agronomique (Inra). Concrètement, le lapin d’élevage devra être à la fois en bonne santé et libre d’exprimer ses comportements naturels, tout en conservant des performances de production correctes. » Outre les aspects relatifs au bien-être animal, le projet intègre également les questions de rentabilité et de conditions de travail. Un récent rapport 2 de la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne avait souligné que les élevages avec parcs présentaient un taux de mortalité et de morbidité plus élevé, en lien avec les bagarres générées par le mélange de portées et la maturité sexuelle. De plus, le travail de l’éleveur s’y avérait plus pénible. Des constatations qui confortent le projet, qui vise à « chercher un compromis entre des acteurs aux visions et aux intérêts divergents concernant l’élevage de lapins, avec, au final, l’idée d’améliorer la durabilité des systèmes. »

Un travail collaboratif

Comme l’explique la chercheuse, la démarche “Living Lab” cherche à produire de l’innovation en faisant participer les usagers, et ce afin d’éviter les échecs d’utilisation des produits développés. De plus, elle inclut une phase de test dans des conditions réelles d’usage. « Dans ce projet, des personnes de la société civile pèsent dans nos choix de recherche, que ce soit pour la définition des objectifs de travail, la méthodologie à mettre en œuvre et l’interprétation des résultats », précise-t-elle. Outre l’Inra, Living Lab Lapin implique ainsi la filière de production cunicole (Clipp), deux organisations “welfaristes” de protection animale, des distributeurs, des abatteurs et une association de consommateurs. Tous interviendront durant les trois phases du projet : la phase de conception, dans laquelle les participants explorent différentes façons d’enrichir le milieu de vie des lapins ; la phase de prototypage ; et pour finir, celle du déploiement. « Cette dernière phase consiste en un test dans un élevage commercial, pour compléter le test en laboratoire », souligne la chercheuse. La France, troisième pays producteur de viandes de lapin de chair au sein de l’Union européenne après l’Espagne et l’Italie, compte actuellement plus de 90 % d’élevages avec des cages collectives pour la phase d’engraissement 3.

1 Appel à projets « Recherche et Société ».

2 bit.ly/2O0Sg1V.

3 En maternité, les lapines sont gardées en cage individuelle. L’engraissement des lapereaux se passe ensuite dans des cages collectives, voire des parcs.

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