Méditer pour mieux soigner - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

BIEN-ÊTRE

ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON  

La pratique de la pleine conscience est une aide au quotidien pour les soignants et leurs patients. Un ouvrage rédigé par une néphrologue, s’appuyant sur les dernières avancées scientifiques, en témoigne.

Le burn-out est l’un des signes du malaise profond des professions qui prennent soin des autres – médecins, infirmiers, vétérinaires – en négligeant souvent de prendre soin d’elles-mêmes. Les formations de pleine conscience entrent aujourd'hui dans les universités de médecine pour permettre une prévention salutaire et un mieux-être des soignants.

Réduire le stress de l'hôpital

Corinne Isnard Bagnis est néphrologue, professeure de néphrologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et auteur d'un ouvrage, La Pleine conscience au service de la relation de soin 1, paru aux éditions De Boeck. Elle y présente une synthèse bibliographique limpide des récentes publications scientifiques sur la pleine conscience ( mindfulness based stress reduction ou MBSR, réduction du stress basée sur la pleine conscience) et sur ce que sa pratique peut apporter au quotidien aux soignants, mais également à leurs patients.

La MBSR n’est pas un médicament ni une technique, mais une pratique qui a un impact positif démontré. Notamment chez les soignants où « la pratique de la méditation permet de rester présents, attentifs et curieux dans leur interface clinique avec leurs patients ».

Travaillant sur les maladies rénales chroniques, avec lesquelles ses patients doivent apprendre à vivre, Corinne Isnard Bagnis est engagée depuis longtemps dans l'éducation thérapeutique des patients. C’est pour eux qu'elle a développé, avec le soutien de la fondation Pileje, des formations de pleine conscience au sein de l'hôpital. Pour pallier la carence en formations destinées aux soignants, elle a mis en place depuis 2015, avec Paris VI, le premier diplôme universitaire en la matière.

Diminuer les risques d’erreurs professionnelles

L'engouement médiatique actuel, souvent considéré comme suspect par les scientifiques que nous sommes, doit être vu comme une chance pour les patients et les soignants d’apporter plus d'empathie et de compassion au quotidien. On a tous à y gagner. L'auto-compassion a une valeur fortement protectrice sur notre psychisme et notre santé. Avoir de l’auto-compassion n'est pas synonyme de se dorloter ou de s'écouter, mais bien de s'octroyer la reconnaissance et la considération légitimes.

Enseignée dans quelques universités aux états-Unis, au Canada et en Belgique, la pleine conscience est une discipline qui s'inscrit progressivement dans le cursus médical. Avec, comme le souligne Corinne Isnard Bagnis, au-delà du « développement de notre capacité à être présent, une qualité d'écoute, une absence de jugement, une diminution du risque d'erreurs professionnelles, l’amélioration des compétences et des prises de décision basées sur les preuves qui sont la racine du rôle de médecin et de tout soignant ». Toutes choses qui nous aident à mieux soigner au quotidien.

1 La Pleine conscience au service de la relation de soin de Corinne Isnard Bagnis, éditions De Boeck, 2017.

Voir aussi : « Des webinaires de méditation pour les britanniques », La Semaine Vétérinaire n° 1673 du 06/05/2016, page 58.

LA PLEINE CONSCIENCE AU SERVICE DE LA RELATION DE SOIN

Articulé en trois parties : “Pleine conscience et santé”, “Pleine conscience, relation de soin et soignant” et “La méditation et les soignants”, le livre de Corinne Isnard Bagnis présente l'ensemble de la discipline de la MBSR (réduction du stress basée sur la pleine conscience ) et ses champs d'application, avec des résultats basés sur les preuves des nombreuses études publiées depuis vingt ans.
Gestion de l'anxiété, des maladies chroniques, amélioration du sommeil, de l'attention, prévention du burn-out… les bénéfices sont multiples, malgré quelques contre-indications à connaître. Sont recensés, à la fin de cet ouvrage, les lieux où la discipline est enseignée aux soignants et des liens pour commencer la pratique, le meilleur moyen de découvrir la discipline par soi-même.
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