La BVA met en garde sur les risques des “chiens de Troie” - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

ROYAUME-UNI

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA  

Les vétérinaires constatent une augmentation des cas de maladies “exotiques”, comme la leishmaniose, en lien avec l’importation de chiens errants.

La British Veterinary Association (BVA) recommande aux personnes qui recueillent des chiens à l’étranger de ne plus les importer au Royaume-Uni. Ces Trojan dogs, surnommés ainsi en référence au cheval de Troie, sont des chiens errants originaires de certains pays européens ou d’autres régions du monde et dont les antécédents de santé sont méconnus. Introduits au Royaume-Uni dans le but d’être adoptés, ils peuvent être porteurs de maladies dont le pays est indemne. La BVA s’inquiète donc de la possibilité d’introduction involontaire de maladies infectieuses potentiellement mortelles et dangereuses comme, par exemple, la leishmaniose, la rage, la babésiose et la dirofilariose.

40 % des praticiens confrontés à des affections nouvelles

Cette mise en garde fait suite aux résultats de la dernière édition du sondage de la BVA, intitulé Voice of the veterinary profession, auquel ont répondu 851 personnes, dont 564 vétérinaires. Celui-ci a montré qu’environ 93 % des praticiens canins du Royaume-Uni sont préoccupés par l’importation de chiens recueillis à l’étranger, les trois quarts d’entre eux estimant que leur nombre a augmenté au cours de l’année dernière. De plus, 93 % des vétérinaires en auraient reçu en consultation ces douze derniers mois. Le sondage a révélé que 40 % des praticiens avaient été confrontés à des affections nouvelles ou rares lors de l’année écoulée, liées à l’importation de chiens. Mentionnée par 27 % des vétérinaires interrogés, la leishmaniose arrive en tête. Certains signalent également avoir vu d’autres cas exotiques comme l’ehrlichiose et la dirofilariose. La BVA demande aux futurs propriétaires de protéger les populations de chiens britanniques en “adoptant local”.

Le pet travel scheme en cause ?

L’association pense que l’assouplissement des règles relatives au transport des animaux de compagnie (pet travel scheme 1) en 2012 a entraîné un risque accru de maladies non endémiques et potentiellement zoonotiques au Royaume-Uni. En vertu de la réglementation actuelle, les chiens errants peuvent être déplacés au sein de l’Union européenne tant qu’ils respectent certaines exigences, telles que la vermifugation et la vaccination antirabique. Dans le cas contraire, ils sont mis en quarantaine et vaccinés avant d’être autorisés à entrer sur le territoire. Il est cependant possible qu’ils soient encore en phase d’incubation d’une maladie pour laquelle un vaccin aurait peu d’effet. L’épidémie de babésiose canine dans l’Essex, il y a deux ans, et la détection de Rhipicephalus sanguineus sur des chiots importés de Chypre, en 2014, ne sont que deux exemples de ce risque accru de maladie, selon l’association vétérinaire.

Durcir le dispositif d’introduction des animaux sur le sol britannique

Dans sa prise de position 2 sur les mouvements des animaux de compagnie publiée en août dernier, la BVA propose au gouvernement seize recommandations pour protéger les chiens britanniques contre l’importation de maladies. Elle appelle entre autres le gouvernement à :

- restreindre le mouvement des chiens provenant de pays présentant un risque élevé de rage et réintroduire le titrage antirabique comme exigence obligatoire avant le voyage ;

- restreindre le mouvement des chiens errants originaires de pays où sévissent des maladies qui ne sont pas actuellement considérées comme endémiques au Royaume-Uni, telles que la brucellose, la babésiose, l’ehrlichiose, la dirofilariose, la leishmaniose, et mettre en place des tests de dépistage obligatoires avant leur introduction ;

- rendre à nouveau obligatoire les traitements contre les tiques ;

- étendre à 12 semaines le temps d’attente après la vaccination antirabique ;

- réduire la fenêtre de vermifugation contre les cestodes (de 24 à 120 heures à ce jour) à un délai de 24 à 48 heures avant l’entrée au Royaume-Uni d’animaux originaires de pays où sévit Echinococcus multilocularis.

1 bit.ly/2NnLvHN.

2 bit.ly/2D3pd9w.

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