L’élevage de précision améliore la relation avec l’animal - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Une étude de l’Idele, Institut de l’élevage, menée en collaboration avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), l’Ifip, Institut du porc, et la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, s’est penchée sur l’impact de l’élevage de précision sur la relation humain-animal. Définie comme un niveau de lien plus ou moins fort entre l’animal et l’être humain, « cette relation est une construction de tous les jours, de par les interactions quotidiennes entre l’éleveur et ses animaux », a précisé Florence Kling-Eveillard (Idele), lors des journées de la recherche porcine 2018. Pour ce faire, des entretiens semi-directifs sont menés auprès de 25 éleveurs bretons, afin de caractériser la représentation qu’ils se font de leur métier et de leur relation avec l’animal ; auxquels s’ajoutent des tests de réactivité sur leurs animaux face à une personne inconnue1. Trois types d’élevages dits conventionnels et équipés de systèmes d’alimentation individualisés sont inclus dans l’étude (encadré) : 10 de vaches laitières (VL), 8 de truies gestantes (Tr) et 7 de volailles de chair (PCh).

Trois profils d’éleveurs identifiés

L’enquête fait ressortir trois profils d’éleveurs. Dans le premier, cinq éleveurs (2 Tr, 2 VL, 1 PCh), tous des hommes, ont une représentation négative de leur métier et considèrent ne pas avoir de relation avec leurs animaux. Le deuxième se caractérise par des éleveurs, dix hommes et trois femmes (3 Tr, 4 VL, 6 PCh) plutôt contents de leur métier, en lien avec la diversité des tâches, les aspects techniques et l’indépendance, et qui considèrent qu’ils entretiennent une bonne relation avec leurs animaux. À noter que la quasi-totalité des éleveurs de poulets se retrouvent dans ce profil. Enfin, le troisième correspond à des éleveurs, quatre femmes et trois hommes (3 Tr, 4 VL), qui donnent une place centrale à l’animal, et qui relient la bonne relation humain-animal à l’absence de peurs des animaux. Les deux premiers profils se rejoignent sur leurs réponses concernant l’élevage de précision. Ils disent plus souvent, par exemple, consulter leur ordinateur le matin avant d’aller voir les animaux. Les éleveurs du dernier profil, quant à eux, affirment plus souvent que les équipements ont contribué à améliorer leur relation avec leurs bêtes.

Un bilan satisfaisant pour les éleveurs porcins

La majorité des éleveurs porcins approuvent l’élevage de précision. Moins de pénibilité physique, plus de confort, davantage de souplesse dans le planning, une maîtrise accrue de la conduite d’élevage font partie des raisons citées. Pour eux, l’avenir passera forcément par ces nouvelles technologies, notamment pour attirer les plus jeunes. Tous pensent aussi que la relation à l’animal est améliorée, les équipements donnant des occasions de contacts qu’il n’y avait pas auparavant. Ce qui amène certains à en profiter pour apprivoiser leurs cochettes en quarantaine, la familiarisation à l’homme facilitant le travail de l’éleveur. En outre, l’observation ne se limite plus à la seule observation directe des animaux en bâtiments d’élevage, mais aussi à la consultation des données sur son ordinateur. Au final, une bonne relation à l’animal est définie par un travail plus facile avec les animaux, de bonnes conditions d’élevage et des équipements adaptés. En ce qui concerne les notes de réactivité, elles oscillent entre 1,8 et 3,2, confortant, dans la majorité des cas, les dires des éleveurs, à savoir que ceux qui ont obtenu une bonne note mettaient en place des stratégies pour familiariser les cochettes en quarantaine, par exemple.

Cette étude exploratoire se poursuit via le projet Rhaporc2, dont l’objectif est de définir une méthode d’appréciation de la relation homme-animal, et de produire des supports de recommandations pour l’améliorer.

1 Test d’approche, avec attribution d’une note de 0 (animal reste à distance quand l’observateur s’approche) à 4 (animal se laisse toucher).

2 Projet Casdar 2017-2020 (compte d’affectation spéciale développement agricole et rural) encadré par Valérie Courboulay de l’Ifip, Institut du porc.

Florence Kling-Eveillard Idele, Institut de l’élevage. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées de la recherche porcine, en février 2018.

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