Valérie Freiche et Olivier Hermine : « L’adhésion au concept One Health est la pierre angulaire des Oncodays » - La Semaine Vétérinaire n° 1776 du 07/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1776 du 07/09/2018

ENTRETIEN

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NEVEUX  

Les premiers Oncodays se tiendront les 28 et 29 septembre prochains à Maisons-Alfort. Une rencontre entre vétérinaires, scientifiques et médecins dédiée à la pathologie comparée en oncologie. à l’origine de ce projet inédit : Valérie Freiche et Olivier Hermine.

Quelle est la genèse des Oncodays1 ?

Ce nouveau congrès sur le site historique de l’école d’Alfort se veut avant tout fédérateur, d’abord au sein de la profession. Il a aussi pour objectif d’établir des passerelles riches d’intérêt entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire. La recherche bénéficie aux deux. La médecine vétérinaire a ses contraintes budgétaires, éthiques. Il existe des outils chez l’homme que l’on n’utilise jamais chez le chien.

Cet évènement est en outre l’occasion de fêter les dix ans de mise sur le marché du Masivet® (Masitinib), premier inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) en oncologie vétérinaire, par le laboratoire AB Science qui est partenaire de cette réunion. Le développement d’un médicament chez l’homme nécessite une étude dans trois espèces, le modèle canin des mastocytomes s’est ainsi imposé comme un modèle spontané d’étude pertinent. L’adhésion au concept One Health a ainsi été la pierre angulaire de ces journées.

Pouvez-vous préciser votre sujet de recherche à l’hôpital Necker ?

Nous travaillons sur le lymphome de bas grade félin, maladie émergente, comme modèle spontané d’un processus lymphoprolifératif indolent qui est très rare chez l’homme, en collaboration avec des cliniciens de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, notamment Georgia Malamut, gastro-entérologue et hépatologue. Notre approche globale inclut la caractérisation moléculaire de cette entité et le séquençage génomique du tissu tumoral ainsi qu’une meilleure caractérisation du génome du chat .

La souris est un bon modèle de recherche, mais le chien présente des maladies spontanées, alors qu’elles sont provoquées chez les rongeurs de laboratoire. L’animal de compagnie est un modèle de comparaison riche d’intérêt, car il existe une proximité de vie entre le chat et l’homme, des conditions environnementales similaires, une communauté de microbiote. Notre projet de recherche collaboratif sur le lymphome avec Harry Sokol, gastro-entérologue à l’ hôpital Saint-Antoine à Paris, va d’ailleurs comparer le microbiome au sein des villosités tumorales et celui des selles. Ces données seront comparées à celles de chats présentant une maladie inflammatoire chronique du tube digestif et à celles de chats sains.

Virus, microbiote et génomique sont nos trois axes de recherche après avoir validé récemment le modèle félin. L’étape ultime sera l’application thérapeutique. L’objectif est de développer à moyen terme un médicament en médecine humaine pour des maladies rares.

à qui s’adresse ce congrès ?

Le congrès s’adresse à tous : vétérinaires, médecins, chercheurs, scientifiques. L’objectif est de discuter ensemble et de sensibiliser les professionnels, avec l’idée de disposer d’une approche complémentaire à la clinique, d’inviter à la réflexion scientifique de la recherche, de faire naître des projets. Nous allons montrer ce qu’il est possible de faire en oncologie, c’est une plateforme d’échanges. Ce type d’initiatives et de recherches est d’ailleurs déjà bien plus développé aux états-Unis.

Comment sont structurées ces deux journées d’oncologie comparée ?

Elles alterneront des sujets généraux et des sujets spécifiques. Diagnostic, bilan d’extension, modalités de prise en charge, thérapie ciblée, aspects nutritionnels, monographies : les interventions sous forme de binôme médecin-vétérinaire permettront de mettre en avant les passerelles entre ces deux univers de la connaissance médicale qui doivent être plus proches pour le bénéfice de tous.

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