Les règles autour du médicament - La Semaine Vétérinaire n° 1776 du 07/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1776 du 07/09/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX  

Une formation sur la pharmacie vétérinaire est désormais obligatoire pour les vétérinaires équins tous les 5 ans. Elle est organisée par la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Le point focal est le statut individuel de l’équidé : est-il exclu de la consommation humaine ou pas ?

Le choix du médicament en fonction du statut du cheval

Avant tout traitement, le praticien doit vérifier le statut du cheval. Par défaut, ce dernier est considéré comme destiné à la consommation humaine. Il faut donc exiger la présentation du passeport. Si le cheval n’est pas exclu, il convient de choisir un médicament dont la substance figure soit sur le tableau 1 du règlement des limites maximales de résidus (LMR), règles communes aux animaux de rente, soit c’est une substance essentielle inscrite dans un règlement européen. Dans tous les cas, il faut inscrire un temps d’attente.

L’accès aux substances essentielles est possible, mais il faut une traçabilité pour assurer la santé du consommateur, car le temps d’attente est de 6 mois. L’enregistrement est obligatoire en partie III du feuillet traitement médicament du passeport du cheval.

Si le médicament n’est ni en LMR ni en substance essentielle, on peut l’utiliser que si l’on exclut définitivement le cheval de la consommation. Dans son passeport, on complète la section II et on barre la section III.

Pour un équidé exclu, les règles de la cascade s’appliquent : on s’assure d’abord qu’il n’y a pas de médicament pour l’espèce et l’indication. « L’autorisation de mise sur le marché (AMM), c’est votre sécurité. En “hors-AMM”, vous engagez votre responsabilité. S’il y a un accident, vous êtes responsable y compris de l’administration », alerte Isabelle Rouault, référente nationale de la pharmacie vétérinaire pour la Direction générale de l’alimentation (DGAL).

L’examen clinique des animaux malades est systématique ou alors il faut qu’un suivi sanitaire permanent de l’élevage ait été mis en place (soins réguliers, bilan sanitaire, protocole de soins, visites de suivi). Le registre d’élevage doit être tenu. Les antibiotiques d’intérêt critique (AIC) sont exclus du suivi sanitaire permanent.

Autres règles de prescription

Une ordonnance doit être rédigée pour tout ce qui est prescrit et administré.

Concernant le suivi de la prescription : en particulier hors examen clinique, le praticien va vérifier dans le registre d’élevage que la prescription a bien été respectée. L’arrêté sur les bonnes pratiques de l’emploi des antibiotiques de 2015 indique même qu’il est nécessaire que le vétérinaire examine régulièrement le registre d’élevage.

Pour les antibiotiques d’importance critique (AIC) : un prélèvement est obligatoire pour identifier la souche bactérienne, avec la réalisation d’un antibiogramme dans les règles et aux normes. Quelquefois le prélèvement n’est pas possible, il convient alors de le documenter. En cas d’urgence, on peut démarrer le traitement immédiatement sans avoir le résultat, mais on doit faire le prélèvement et le réviser sous 4 jours si c’est justifié. La prescription est établie pour au maximum 1 mois de traitement et l’ordonnance n’est pas renouvelable.

Délivrance et administration

L’ordonnance accompagne la délivrance, on ne régularise pas a posteriori. La délivrance est faite obligatoirement par le vétérinaire. Les mentions d’exécution comportent : date de délivrance, numéro d’ordre, quantité délivrée, « médicament remis par » si l’on fait du colisage, nom, adresse et cachet. Le colisage, c’est un colis scellé, opaque, avec nom et adresse du détenteur et remise de l’ordonnance à l’intérieur.

L’ordonnancier (registre de délivrance) trace la délivrance. « Mettez bien les mentions d’exécution sur l’ordonnance pour éviter qu’elle ne soit réutilisée », conseille Isabelle Rouault. L’ordonnancier se conserve 10 ans. Il faut mentionner le numéro de lot. L’ordonnancier peut être informatique, ou l’on peut conserver les duplicatas des ordonnances.

Si l’on prescrit une substance essentielle à un cheval non exclu, on doit administrer le traitement et l’inscrire sur le passeport. Il faut faire au moins la première administration. « C’est vous qui vous engagez sur le passeport. »

Il existe maintenant des outils informatiques pour la vérification du statut du cheval et l’enregistrement du médicament. Une application est disponible en cette rentrée.

Isabelle Rouault Référente nationale pharmacie vétérinaire pour la DGAL Draaf Bretagne. Article rédigé d’après une présentation faite lors de la journée européenne de l’Avef à Roissy-en-France, le 30 juin.

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