Tuberculose bovine : vers une surveillance renforcée - La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018

ÉPIDÉMIOLOGIE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé, début août, le renforcement du recours à l’intradermotuberculination comparative (IDC) pour la campagne 2018-2019, afin d’améliorer la sensibilité du dispositif de surveillance.

Le statut officiellement indemne de tuberculose bovine de la France et la capacité à éradiquer l’infection sont directement liés à la qualité de la surveillance mise en place », a affirmé Patrick Dehaumont, directeur général de l’alimentation, en août dernier1.

Or, la situation épidémiologique actuelle de la France vis-à-vis de la tuberculose bovine est jugée préoccupante par le ministère, qui déplore les difficultés pour la mise en place d’une surveillance efficace.

Une situation alarmante

En effet, à la date du 18 juillet 2018, 102 foyers de tuberculose bovine avaient été détectés en France (95 pour toute l’année 2017), dont plus de 82 % dans la région Nouvelle-Aquitaine2. De plus, la mise en œuvre progressive d’une surveillance en intradermotuberculination comparative (IDC) lors de la dernière campagne de prophylaxie dans les départements de Nouvelle-Aquitaine s’est d’ores et déjà traduite par une augmentation de 16 % du nombre d’animaux ayant fait l’objet d’investigation en abattage diagnostique. Face à ces résultats, les autorités ont donc conclu que « des efforts importants restent à mettre en œuvre pour améliorer de manière significative le taux de déclaration des animaux suspects ».

C’est la raison pour laquelle une nouvelle instruction technique a été publiée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation au Bulletin officiel, le 9 août 20181. Cette dernière modifie les modalités techniques et financières de mise en œuvre de la campagne de prophylaxie de la tuberculose bovine 2018-2019 dans le cadre du plan d’action 2017-20223.

Une IDC à privilégier

Au regard des résultats obtenus dans le Sud-Ouest lors de la dernière campagne de prophylaxie et de ceux obtenus en Côte-d’Or et dans les Ardennes ces dernières années, les nouvelles instructions indiquent que la surveillance en IDC (à J0 et J3) des élevages doit être privilégiée (en remplacement de l’intradermotuberculination simple [IDS]) et renforcée. Dans les zones à prophylaxie renforcée (ZPR), zones où un risque particulier est identifié (proximité avec un foyer en élevage ou de cas détectés dans la faune sauvage), et dans les départements classés à risque (article 6 de l’arrêté ministériel du 15 septembre 2003), l’IDC devra être réalisée avec une fréquence annuelle.

Dans les départements au sein desquels une ZPR a été identifiée, l’IDC devra être réalisée avec un rythme bi, tri ou quadriennal. Un cas particulier reste la région Nouvelle-Aquitaine. En effet, afin d’harmoniser les pratiques, tous les cheptels des 12 départements de Nouvelle-Aquitaine devront mettre en œuvre une surveillance annuelle par IDC au même titre que ceux localisés en ZPR ou classés à risque. Ces mesures renforcées de surveillance par IDC concerneront tous les bovins âgés de plus de 24 mois, à l’exception de certains cas particuliers : plus de 18 mois pour une ZPR de la Côte-d’Or, de la Dordogne et des Landes et pour les campagnes 2019-2020 et 2020-2021 dans les Pyrénées-Atlantiques.

L’État met la main à la poche

Face à ces mesures plus lourdes, le gouvernement s’est engagé à maintenir sa participation financière pour la campagne 2018-2019 et à l’étendre sur tout le territoire « pour accompagner les changements de pratiques imposés et permettre une rémunération plus juste et équitable des vétérinaires ». Il devrait aussi prendre en charge la fourniture des tuberculines aviaires et bovines, ainsi que le surcoût relatif à la réalisation des IDC.

Évolutions pour les prochaines campagnes de prophylaxie

Ces mesures devraient s’appliquer pour les quatre prochaines campagnes de prophylaxie dans le cadre du plan d’action 2017-2022. Enfin, une évaluation de leur gain de sensibilité sera faite prochainement par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), afin de déterminer si elles sont adéquates et suffisantes.

1 bit.ly/2oA9KUl.

2 bit.ly/2KIhDRI.

3 bit.ly/2wD7qjX.

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