Le surpoids de la chienne multiplie le risque de mortalité néonatale - La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018

PATHOLOGIE DE LA REPRODUCTION

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINA CHAILLAUD  

Deux études de NeoCare font un état des lieux du surpoids dans la population canine de concours et du risque qu’il entraîne pour la santé des nouveaux-nés.

En France, 39 % des chiens sont en surpoids et 5 % sont obèses. Certains facteurs de risque, comme la race (mutation génétique favorisant le surpoids chez le labrador), l’âge (entre 4 et 12 ans), le sexe (les femelles étant plus touchées) et la stérilisation, sont établis. NeoCare1 a réalisé un état des lieux du surpoids sur un échantillon de 482 jeunes chiens (2 ans en moyenne) de 108 races, non stérilisés, bien médicalisés et présentés en exposition ou en confirmation. 53 % sont des mâles âgés de moins de 2 ans. Chaque animal s’est vu attribuer une note d’état corporel (NEC) comprise entre 1 et 9 et établie par palpation, en appréciant la couche adipeuse du chien. Une NEC de 4 à 5 est considérée comme idéale. « L’étude montre que 17,6 % des jeunes chiens sont en surpoids et que 4,6 % sont obèses, soit 22,2 % de surpoids globalement, résultats en accord avec la littérature », analyse Aurélien Grellet, ingénieur de recherche. Un temps de promenade inférieur à une heure par jour multiplierait par deux le risque de surpoids, tandis que dormir en extérieur le réduirait. Enfin, 28 % des femelles seraient en surpoids sans être stérilisées (contre 17 % des mâles). Pour diminuer les risques, il convient d’adapter précocement le rationnement et le type d’aliment des femelles en particulier, stérilisées ou non, des labradors et autres races prédisposées, et des chiens au mode de vie trop sédentaire. « Il s’agit de faire prendre conscience aux propriétaires que le surpoids n’est pas qu’un problème esthétique : il a été démontré que les adipocytes sécrètent des substances augmentant l’état inflammatoire. Le surpoids est également lié au diabète, au cancer, aux problèmes orthopédiques et à des troubles respiratoires », rappelle notre confrère.

Une gestation 4 à 9 fois plus risquée pour les nouveaux-nés

Peu d’informations étant disponibles sur l’impact du surpoids sur les performances de reproduction chez le chien, NeoCare s’est intéressé aux conséquences du surpoids de la mère sur la santé du chiot. L'étude des NEC de 41 chiennes de 13 races ont montré des conséquences importantes sur la mortalité périnatale (à la mise bas et pendant les deux premiers jours de vie des chiots). Si la chienne est en surpoids à la saillie, le risque de mortalité est multiplié par 4. Et si elle est en surpoids à la 4e semaine de gestation, le risque est multiplié par 9. « Plusieurs hypothèses sont évoquées : une diminution des contractions utérines ou un rétrécissement de la filière pelvienne menant à des dystocies, induisant une hypoxie chez le chiot, qui n’est alors plus assez vif pour téter correctement les premières heures de vie », avance Hanna Mila, vétérinaire résidente chez NeoCare. Les recommandations sont de ne mettre à la saillie que les chiennes ayant une NEC optimale (côtes palpables facilement, avec une fine couche de gras et creux des flancs visibles), d’augmenter la ration alimentaire de 1,25 à 1,5 fois, et seulement entre la 5e semaine de gestation et la mise bas, en gardant un taux de protéines de 63 g/1 000 kcal (augmentation de 70 % des besoins protéiques par rapport aux besoins de maintenance). La chienne devrait prendre entre 15 et 25 % de son poids initial pendant la gestation.

1 Service de l’école nationale vétérinaire de Toulouse dédié à la reproduction et à la néonatalogie des carnivores domestiques.

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