La surveillance des salmonelles se met à jour - La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018

FILIÈRE AVICOLE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Les modalités de lutte contre les infections à Salmonella chez les volailles en filière ponte d’œufs de consommation on été actualisées cet été. Le nouvel arreté prévoit notamment une prise en compte du sérotype S. Kentucky, qui figure désormais parmi les dangers sanitaires de première catégorie, et de nouvelles procédures de contrôle.

Un nouvel arrêté1, en date du 1er août 2018, redéfinit la surveillance des salmonelles en filière poules pondeuses. Comme nous l’explique la direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture, il s’agissait « d’intégrer en premier lieu certaines dispositions de la réglementation européenne, jusque là non appliquée et dont la Commission européenne nous a à maintes reprises demandé la mise en œuvre ». De plus, le nouveau texte prend en compte le sérotype Salmonella Kentucky, tout récemment introduit par arrêté dans la liste des dangers sanitaires de première catégorie2 pour les espèces Gallus gallus et Meleagris gallopavo. Depuis sa première détection en France en 2002, ce sérotype s’étend sur le pourtour méditerranéen, avec, selon le rapport 2016 du centre national de référence des salmonelles, l’institut Pasteur3, une augmentation du pourcentage des souches résistantes, notamment à la ciprofloxacine, entre 2001 et 2016. Ainsi, en 2002, 3,2 % des souches Kentucky analysées présentaient une résistance à la ciprofloxacine, contre 89 % pour l’année 2016 !

Un dépistage plus efficace

Le nouvel arrêté précise la marche à suivre en cas de défaut de pousse. En effet, comme le souligne la DGAL, « un certain nombre de produits utilisés dans les élevages peuvent interférer avec la recherche de salmonelles » et être à l’origine de faux positifs, rendant nécessaire une confirmation par culture sur milieu sélectif. Désormais, en cas d’absence de pousse, le résultat est considéré comme non valide, rendant obligatoire la réalisation d’au moins une série complémentaire de prélèvements officiels, après un délai minimum de quatre semaines. Pour autant, le troupeau concerné est placé sous contrôle officiel renforcé. Le nouvel arrêté prévoit aussi que l’usage de ces produits soit indiqué dans le registre d’élevage, une information devant être contrôlée par le vétérinaire sanitaire. Dans certains cas, même en l’absence de pousse, un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI) pourra être mis en place. La liste des produits pouvant interférer avec le dépistage sera précisée dans une prochaine instruction.

L’étape de confirmation de l’infection n’est plus systématique

Dorénavant, les troupeaux positifs (y compris par autocontrôles) ou fortement suspectés de l’être sont directement placés sous APDI, sauf doute sérieux (article 11, V). « La probabilité de faux positifs est faible », justifie le ministère. Le précédent arrêté rendait obligatoire la mise en œuvre de prélèvements pour confirmation (article 12, IV). Ainsi, tous les troupeaux suspectés étaient placés sous arrêté préfectoral de mise sous surveillance (APMS) en attendant les résultats des analyses de confirmation. Avec ce nouveau texte, les prélèvements de confirmation ne sont réalisés que dans quelques cas : absence de pousse, doute sérieux du fait de liens épidémiologiques, exploitations sous APMS (article 12). L’arrêté précise que « si le troupeau a été éliminé ou transféré et le site désinfecté avant la mise sous surveillance, ne permettant pas la mise en œuvre de prélèvements de confirmation », le préfet pourra directement prendre un APDI.

Des modalités de lutte clarifiées

« Cet arrêté renforce les investigations épidémiologiques, en particulier en cas de contamination par les usines d’aliments », détaille la DGAL. En effet, le nouveau texte stipule qu’en cas de confirmation d’infection, notamment dans les zones de forte densité avicole, l’enquête épidémiologique doit aussi viser l’amont de la filière, soit « les fournisseurs d’aliments livrant l’exploitation contaminée ». Ces usines peuvent alors faire l’objet de mesures de biosécurité si elles s’avèrent « susceptibles d’être à l’origine de la contamination ». De plus, lorsqu’une souche de S. Kentucky est isolée et présente « un profil d’antibiorésistance dangereux pour la santé publique », des mesures particulières peuvent être prises pour les œufs à couver, ainsi que des dispositions de retrait et de rappel pour les œufs de consommation. Enfin, la DGAL souligne que le nouvel arrêté met en avant la « nécessité d’organiser les contrôles officiels au couvoir de façon à prélever chaque année tous les troupeaux reproducteurs », mais aussi « l’obligation de réaliser le dépistage des troupeaux reproducteurs en bâtiment d’élevage, et non au couvoir, en cas d’échange d’ œ ufs à couver dans l’Union européenne, et ce dès le premier œ uf échangé ».

1 bit.ly/2PyCmc4.

2 bit.ly/2kUwooL.

3 bit.ly/2Q4vSTs.

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