La meibographie à l’honneur du congrès des ophtalmologues européens - La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1775 du 31/08/2018

FORMATION

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : LEILA BEDOS, AVEC ADRIEN AERTSENS  

De nouveaux outils permettent d’étudier les glandes de Meibomius et le film lacrymal, optimisant la prise en charge des sécheresses oculaires.

Le congrès annuel du Collège européen d’ophtalmologie vétérinaire (ECVO) s’est déroulé en mai à Florence (Italie), sur le thème de la surface oculaire. Un focus a été porté sur la meibographie (qui étudie la morphologie des glandes de Meibomius et leur contenu et en détecte les lésions grâce à une transillumination des paupières avec des infrarouges) et le Tearscope® (société SBM Sistemi). Ce nouvel instrument permet d’examiner les différentes couches du film lacrymal (muqueuse, aqueuse et lipidique) et ainsi d’identifier le type de kérato-conjonctivite sèche pour ajuster au mieux le traitement. La meibométrie est aussi une nouvelle méthode non invasive qui évalue la proportion de lipides contenue dans les sécrétions des glandes de Meibomius au niveau des marges des paupières.

Les blépharites diffèrent selon leur origine

Une revue du diagnostic et de l’approche thérapeutique des blépharites a également été proposée. Les paupières ont des particularités anatomiques et physiologiques leur permettant de répondre de manière unique à une pathologie. Lors de blépharite, un examen oculaire complet est ainsi nécessaire afin de déterminer l’origine primaire ou secondaire (congénitale, auto-immune, métabolique, néoplasique, infectieuse et traumatique). Si l’examen de la cornée compte, les lésions cornéennes signent une irritation chronique, secondaire mais non spécifique. Chez le chat, les affections du film lacrymal et la kérato-conjonctivite sèche sont moins courantes, restent peu comprises, sont associées à des signes cliniques plus subtils et ont souvent une réponse faible aux thérapies utilisées habituellement chez le chien. Les différentes techniques d’évaluation du film lacrymal et de la surface oculaire ont par ailleurs été revues, avec un intérêt particulier pour le test non invasif de rupture du film lacrymal, qui évalue sa stabilité et permet une mesure indirecte de sa composante mucinique.

L’énucléation bilatérale est bien supportée par les chiens…et par leur maître

Le prix de la meilleure présentation par un résident a été attribué à Negar Hamzianpour (Royaume-Uni) pour une étude sur l’évaluation de la qualité de vie des chiens après une énucléation bilatérale, dont l’indication principale est le glaucome (96,5 %). Le taux de satisfaction des propriétaires est élevé (57/63) et ceux-ci répéteraient la procédure s’ils devaient le faire. Les raisons principales sont une amélioration significative du niveau d’activité et de la qualité de vie (meilleur confort de l’animal avec moins de réactions lors de la palpation faciale et oculaire, notamment).

Des performances physiques altérées lors d’affection réfractive

Parmi les différents posters présentés, celui d’Aleksandra Tomkiwicz (université de Varsovie) a montré les conséquences importantes des affections réfractives sur les performances sportives chez les borders collies. Dans cette étude, les chiens avec des erreurs réfractives (de - 0,5 à + 0,5 dioptries) étaient considérés comme emmétropes (sans problème de diffraction). Ils ont ainsi réalisé que les chiens ammétropes ont des problèmes à l’entraînement (piétinements ou prise d’appui avant un saut, saisie d’un frisbee de manière trop précoce), proportionnels à la sévérité des troubles réfractifs.

Un examen ophtalmologique pour les chiens insuffisants rénaux

Un autre poster a présenté les dernières investigations cliniques menées en matière de prévalence des lésions oculaires chez 82 chiens atteints d’hypertension systémique associée à une néphropathie ou à une maladie rénale chronique. Il s’avère que les premières dépendent de la présence d’une hypertension systémique supérieure à 160 mmHg et d’une créatininémie supérieure à 2 mg/dl. Elles consistent majoritairement en une hémorragie intrarétinienne et, de façon moins fréquente, en un œdème subrétinien, un détachement rétinien bulleux, une hémorragie vitréenne et des artères rétiniennes tortueuses. Il est donc recommandé d’effectuer un examen ophtalmologique à tout chien atteint d’insuffisance rénale chronique.

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