Fractures dentaires : attitude thérapeutique

Les fractures dentaires sont fréquentes, principalement provoquées par un traumatisme direct. Elles ne doivent jamais être négligées car elles peuvent entraîner des conséquences à long terme.

Démarche diagnostique

Il est nécessaire de procéder à un examen rigoureux de la dent fracturée afin de repérer les structures atteintes. Il est recommandé de procéder par étapes :

- Évaluer si la pulpe dentaire est exposée : cela se manifeste par un point rouge (noircissant avec le temps) au centre du trait de fracture. En cas de doute, une sonde d’exploration dentaire peut être utilisée afin de détecter une ouverture de la chambre pulpaire.

- Évaluer l’état du parodonte : a-t-il été endommagé par le traumatisme ? (fracture alvéolaire, lacération gingivale, etc.) ou la dent présente-t-elle une maladie parodontale ? (récession gingivale, poche parodontale, mobilité dentaire, atteinte de la furcation).

- Effectuer des radiographies dentaires : cela permet d’évaluer la largeur du canal pulpaire, les lésions périapicales éventuelles, l’état de la racine dentaire et de l’os alvéolaire.

Physiopathologie : importance du tissu pulpaire

La pulpe dentaire se compose de tissus conjonctifs, vasculaires et nerveux, et de cellules productrices de dentine (les odontoblastes). Lorsque la pulpe est exposée lors d’une fracture dentaire, il y a une colonisation par les bactéries buccales, ce qui induit une infection puis une inflammation de la pulpe. Celle-ci étant enfermée par la dentine, un œdème se développe provoquant une compression de la pulpe, qui devient ischémique puis se nécrose. L’infection s’étend ultérieurement au niveau de l’apex dentaire, et peut engendrer une lyse osseuse. Elle devient ensuite chronique, occasionnant la formation d’un granulome ou d’un abcès (qui peut se propager, induisant par exemple une fistule infra-orbitaire ou intra-orale).

Traitements : peut-on conserver la dent fracturée ?

En cas de fracture simple (pulpe non exposée), une restauration superficielle est conseillée. L’extraction dentaire est recommandée lors de fracture alvéolaire et d’atteinte profonde de la racine, ou en cas de maladie parodontale importante. En cas de fractures compliquées (pulpe exposée), un traitement conservateur permet parfois de sauver la dent endommagée. Il en existe deux types :

- la pulpectomie est une pratique qui consiste à éliminer l’intégralité de la pulpe lors d’un traitement canalaire, puis de combler complètement le canal par un matériau d’obturation ;

- la pulpotomie est un procédé qui vise à enlever uniquement la partie superficielle infectée de la pulpe, tout en laissant en place la pulpe radiculaire saine. Cela implique que la fracture soit récente : la pulpotomie doit être pratiquée dans les 48 heures suivant la fracture ¹. Son indication est l’atteinte pulpaire récente sur des dents immatures.

À la suite du traitement conservateur, la couronne de la dent est reconstituée avec une résine composite. Une restauration prothétique est possible afin de reconstruire la forme de la dent et de la protéger.

Ces techniques conservatrices nécessitent un équipement spécifique et de solides connaissances dans le domaine.

Une fracture dentaire avec exposition pulpaire doit toujours être traitée avec beaucoup de soins. Outre l’aspect financier et l’accès à des centres spécialisés, le choix du traitement dépend des structures atteintes, de la profondeur et de l’ancienneté des lésions et de l’âge de l’animal. Quoi qu’il en soit, « la mauvaise attitude est de ne rien faire, car c’est laisser s’installer une infection et une douleur chroniques », insiste Florian Boutoille.
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¹“Vital pulp therapy for complicated crown fracture of permanent canine teeth in dogs : a three-year retrospective study”, Clarke D. E., Journal of veterinary dentistry, sept. 2001 ; 18(3) : 117-21.