Libérer l’information pour améliorer le bien-être des animaux - La Semaine Vétérinaire n° 1773 du 24/08/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1773 du 24/08/2018

POLITIQUE

ACTU

Auteur(s) : MARINE NEVEUX  

Un colloque a été organisé à l’Assemblée Nationale par notre confrère Loïc Dombreval et l’association « Ensemble pour les animaux » pour aborder la question du bien-être de l’animal de rente.

Libérer l’information sur les conditions d’élevage des animaux, leur transport, leur abattage, n’est-ce pas une étape essentielle pour améliorer leur bien-être ? C’est le sujet de réflexion du colloque organisé le 28 juin à l’Assemblée Nationale par notre confrère Loïc Dombreval, député et président du groupe « Condition animale » de l’Assemblée et par l’association « Ensemble pour les animaux ». Son président, Frédéric Lenoir, philosophe et écrivain, estime que la libération de l’information permettra au consommateur de faire un choix éclairé.

Déceptions après les Etats généraux de l’alimentation

Le colloque intervient peu après les Etats généraux de l’alimentation (EGA) et les débats parlementaires qui en ont découlé. Une insatisfaction est ainsi relevée par le député Olivier Falorni qui exprime sa déception et souligne l’hypocrisie des EGA. Il fait le constat de refus de voir interdire des poussins broyés vivants, ou encore la castration des porcelets, le refus d’encadrer le temps de transport des animaux, le refus de remettre en cause l’élevage des lapins en cage, le refus d’avoir un référent protection animal dans les navires bétaillers, le refus d’abandonner les poules en batterie, le refus de la surveillance vidéo en abattoirs…

Un manque d’engagement politique que partage notre confrère Michel Courat (administrateur à l’OABA, œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir), qui regrette le peu d’inspections : « Les vétérinaires n’ont pas les moyens, sont peu nombreux et pas aux bons endroits tels que le poste d’étourdissement. Au Royaume-Uni, le vétérinaire est pour moitié en abattoir sur l’animal vivant. » De plus, la vidéosurveillance est obligatoire depuis le 5 mai dans tous les abattoirs quelle que soit leur taille. Leur analyse est possible par les vétérinaires. « La filière a du s’adapter. La vidéosurveillance est tout à fait possible en France immédiatement, il faut réagir. Le rôle de l’Administration est essentiel ». Notre confrère Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, déplore pour sa part qu’il n’y ait pas d’avancées sur le débat concernant l’absence d’étourdissement lors de l’abattage.

« Les éleveurs portent un message de progrès pour répondre à ces attentes sociétales, déclare Etienne Gangneron, vice-président de la FNSEA. On demande énormément de transition, des progrès des systèmes d’élevage. La notion de prix est très peu prise en compte. On ne parle pas du revenu des producteurs. Aujourd’hui, il y a seulement une acceptation du différentiel de prix sur le bio.»

Des réflexions qui se concrétisent

Ghislain Zuccholo de Welfarm abordent trois pistes d’évolution :

1 – intégrer plus le bien-être animal dans les signes de qualité,

2 – plus de segmentation basée sur les modes d’élevage,

3 – intégrer plus le bien-être dans les cahiers des charges privés. Par exemple, Welfarm a signé un partenariat avec Daucy pour un projet pilote pour élever des dindes autrement : avec un enrichissement du milieu, des blocs à picorer, des plateformes et pochoirs, un jardin d’hiver, etc. La marque Lesueur n’utilise plus d’œufs d’élevages en batterie dans ses mayonnaises.

Agathe Gignoux, responsable des affaires juridiques CIWF (compassion in world farming), aborde la campagne que mène l’association pour demander l’étiquetage des produits carnés. Des démarches de segmentation se font sur le mode de production. « Nous voulons un mode d’étiquetage obligatoire qui porte sur l’ensemble de la production. L’objectif est de valoriser les démarches vertueuses. »

Louis Schweitzer, président de la LFDA (Fondation droit animal, éthique et science), a l’ambition de lancer à l’automne un étiquetage qui intègre des critères de la naissance à l’abattage. Quatre niveaux seront fondés sur un référentiel qui contient 200 critères. Louis Schweitzer se félicite de l’excellente coopération entre les ONG et Casino. « L’étiquetage peut être un atout s’il est mené de façon claire et cohérente. »

Notre confrère Hervé Gomichon, directeur qualité depuis 2008 chez Carrefour, explique que son groupe a mené cette réflexion sur la préservation du bien-être animal. En outre, la blockchain permet un contrôle et une transparence tout au long de la vie de l’animal.

A quand une volonté politique ?

Cédric Villani, chargé d’une mission parlementaire sur l’intelligence artificielle, estime que « par rapport à l’image de la France, on a tout intérêt à monter en gamme sur ces questions. Et Loïc Dombreval de conclure : « Il est de notre responsabilité aujourd’hui que notre politique s’oriente plus vers le respect de l’animal. »

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