La Chine touchée par la peste porcine africaine - La Semaine Vétérinaire n° 1773 du 24/08/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1773 du 24/08/2018

ÉPIDÉMIOLOGIE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Depuis le début du mois d’août, quatre foyers de peste porcine africaine ont été détectés en Chine. Une distance de 700 à 1 000 km sépare les foyers. Les modalités de propagation de la maladie n’ont pas pu être identifiées pour l’instant.

Depuis le début du mois d’août, les autorités sanitaires chinoises ont déclaré la présence de plusieurs foyers1 de peste porcine africaine (PPA) sur leur territoire (carte). Ainsi, le 3 août, un premier foyer a été confirmé dans plusieurs élevages de la ville de Shenyang, la souche virale identifiée étant identique à celles isolées en Géorgie, en Russie et en Estonie entre 2007 et 2014. Le 16 août,des cas ont été confirmés dans un abattoir à Zhengzhou, les porcs retrouvés morts provenant de Jiamusi, une ville distante de 2 230 km de l’abattoir, ce dernier se situant à 1 330 km du premier foyer (trajets par route). Le 19 août, un troisième foyer a été enregistré dans une exploitation porcine de Lianyungang. Enfin, le 22 août, un quatrième foyer a été repéré à Wenzhou, dans trois élevages porcins. Les quatre foyers sont très distants les uns des autres : si le deuxième et le troisième ne sont éloignés que de 530 km, plus de 1 000 km séparent les autres foyers.

Des interrogations sur la diffusion

du virus

Malgré les différentes enquêtes épidémiologiques lancées après la découverte de chaque foyer, les modalités de diffusion de la PPA demeurent inconnues à ce jour. Pour autant, le risque2 de propagation de la maladie via le commerce de porcs, de semences et de produits issus du porc, est une hypothèse à envisager. De plus, nourrir ses porcs avec des détritus et des eaux grasses des avions, bateaux et restaurants est une pratique souvent employée dans les élevages porcins chinois, ce qui pourrait également expliquer l’introduction et la diffusion de la maladie3. D’autant plus que cette pratique a probablement permis l’introduction de la peste porcine africaine en Géorgie en 2007. Enfin, le risque lié à la contrebande de produits dérivés n’est pas à exclure. Selon Juan Lubroth, le chef vétérinaire de l’Organisation des Nations unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)4, la circulation de produits porcins est l’hypothèse la plus probable pour expliquer la propagation du virus.

Un futur grand réservoir de la maladie ?

En mars, la FAO5 avait déjà alerté sur le risque d’introduction de la maladie en Chine. Dans son rapport, le pays apparaissait comme un réservoir gigantesque pour le virus. En effet, la Chine est le premier producteur de porc au monde, avec 70 % de la production qui se concentrent dans quatre des sept zones géographiques du pays. De plus, la population de sangliers y est en constante augmentation et s’étend, avec une densité estimée entre 2 et 5 individus par km2, le rapport soulignant d’ailleurs leur rôle dans l’extension de la PPA si elle venait à émerger en Chine. Aujourd’hui, au-delà des aspects sanitaires, l’arrivée de la maladie laisse présager de lourdes conséquences économiques et sociales, environ 27 % de la production nationale provenant de petits élevages.

1 bit.ly/2MCm3hp, .

2 bit.ly/2BWog2a.

3 La consommation d’aliments issus d’animaux infectés constitue le principal mode de contamination.

4 bit.ly/2wq6AGZ.

5 bit.ly/2GrBAgM.

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