Toujours plus d’interdisciplinarité pour CAP douleur - La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 06/07/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 06/07/2018

RÉSEAU

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : VALENTINE CHAMARD 

Exportation du concept à l’international, liens avec les médecins, think tank dédié au bien-être animal font partie des projets du réseau dédié à la douleur animale, qui continue de fédérer des intervenants issus de différents horizons disciplinaires ou géographiques.

Thierry Poitte fourmille de projets pour enrichir le réseau CAP douleur, fort de l’adhésion de 244 établissements de soins et de 872 praticiens. Outre la formation qu’il continue à dispenser aux confrères – une cinquantaine de dates chaque année, avec un programme s’articulant autour de 12 modules – et la création de la première unité vétérinaire d’évaluation et de traitement de la douleur1, un think tank dédié au bien-être des animaux de compagnie est créé2. Intitulé CAP welfare, il s’est donné pour mission de « comprendre [les] besoins [des animaux de compagnie], partager leurs émotions », d’apporter des regards croisés et d’inscrire la profession vétérinaire dans ce sujet sociétal pour lequel « l’expertise vétérinaire ne va pas de soi ». Le travail de ce groupe de réflexion sera matérialisé par le premier « Livre blanc dédié au bien-être de l’animal de compagnie », distribué lors du prochain congrès de l’Afvac en novembre.

S’approprier les objets connectés et la e-santé

Autre sujet de prédilection de CAP douleur, la place de la e-santé en médecine vétérinaire, « qui va au-delà des objets connectés, ces derniers s’inscrivant dans une démarche globale d’interconnectivité entre les vétérinaires (le réseau CAP douleur), entre le vétérinaire et le propriétaire (alliance et éducation thérapeutiques), entre le triptyque vétérinaire-propriétaire-animal (Dolodog et trackers d’activité) ». La e-santé prend tout son sens dans la prise en charge de la douleur, qui ne peut se limiter à des algorithmes offerts par des capteurs d’activité. « L’interprétation de ces derniers s’inscrit dans une relation empathique avec les maîtres, dans le cadre d’une médecine narrative ; comment peut-on s’imaginer réduire la douleur à un état binaire où tout serait blanc ou noir, sans nuances de gris ? », témoigne le fondateur de CAP douleur. Un partenariat devrait voir le jour avec Allflex pour distribuer un tracker d’activité et offrir un outil professionnel aux vétérinaires, qui auront ainsi la garantie du retour des données fournies. « Cela permettra à terme de mieux connaître la douleur arthrosique et d’évaluer l’efficacité de nouveaux traitements (biothérapies) », s’enthousiasme notre confrère.

Médecine humaine et internationalisation du réseau

Déjà membre de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (la SFETD, entité s’intéressant à la douleur humaine), Thierry Poitte s’est vu confier l’animation d’une nouvelle commission (douleur animale) au sein de ce groupe. Des formateurs du réseau interviendront ainsi désormais au congrès de la SFETD pour présenter le travail des vétérinaires, qui fait l’objet de nombreuses interrogations de la part des médecins, notamment en ce qui concerne l’hétéro-évaluation de la douleur, à laquelle les pédiatres sont confrontés. Enfin, CAP douleur dépasse désormais les frontières françaises, puisque des leaders d’opinion en Belgique, au Québec et en Italie ont montré leur intérêt pour importer le concept, en l’adaptant à leurs spécificités (molécules disponibles dans leur pays, typologie des cliniques vétérinaires et modes d’exercice, par exemple), pour une mise en service en 2019. Si les axes de développement de CAP douleur sont nombreux et prennent différentes directions, « tous sont interdépendants et s’inscrivent dans la même vision d’interdisciplinarité, indispensable à la prise en charge de la douleur et du bien-être de l’animal », conclut Thierry Poitte.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1770 du 29/6/2018, pages 20 et 21.

2 Composé de Thierry Poitte (titulaire d’un diplôme interuniversitaire douleur), de vétérinaires éthologues (Caroline Gilbert, professeur d’éthologie fondamentale à l’ENVA, et Emmanuelle Titeux, consultante en médecine du comportement à l’ENVA), d’un enseignant-chercheur NAC (Charly Pignon, président de l’Association of Exotic Mammal Veterinarians) et d’un chercheur au Centre national de la recherche scientifique (Jérôme Michalon, docteur en sociologie et anthropologie politique). Des philosophes, des juristes et différents acteurs de la santé animale participeront à des regards croisés avec l’intervention d’un journaliste.

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