Médicaments vétérinaires en équine : des spécificités - La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 06/07/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 06/07/2018

CONFÉRENCES

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX  

La 18e journée européenne de l’Association vétérinaire équine française (Avef) s’est tenue le 30 juin à Roissy-en-France (Val-d’Oise), avec pour thème « Médicaments chez le cheval : préserver santé et sécurité ». Ce fut une journée riche d’enseignements, alternant approches réglementaires, techniques, médicales et questions d’actualité. En voici quelques extraits.

Une réglementation à respecter

Paule Carnat-Gautier, chef de la mission des affaires juridiques et du contentieux à l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV)-Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a rappelé que l’arsenal thérapeutique est ce qui comprend tous les médicaments vétérinaires, et d’usage humain aussi avec la cascade thérapeutique, les produits biocides, les aliments diététiques. Le médicament vétérinaire a une définition très large.

Isabelle Rouault, référente nationale pharmacie vétérinaire pour la Direction générale de l’alimentation (DGAL), a rappelé qu’il existe une formation obligatoire, mise en place pour les vétérinaires équins (arrêté du 21 septembre 2017). Elle débute en septembre en 3 heures sur la pharmacie vétérinaire. Le suivi d’une formation est obligatoire tous les 5 ans et organisé par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Deux autres modules, lancés en 2017, portent sur la gestion pratique du médicament vétérinaire et la lutte contre l’antibiorésistance. « Le point focal, c’est le statut de l’équidé : est-il exclu de la consommation humaine ou pas ?, souligne Isabelle Rouault. Avant tout traitement d’un cheval, on doit vérifier son statut. Par défaut, il est considéré comme destiné à la consommation humaine. Il faut donc exiger la présentation du passeport ». Si le cheval n’est pas exclu, on doit choisir soit un médicament dont la substance figure dans le tableau 1 du règlement des limites maximales de résidus (règle commune aux animaux de rente) ou une substance dite essentielle inscrite dans un règlement européen. Dans tous les cas, il convient d’inscrire un temps d’attente. Il existe maintenant des outils informatiques pour vérifier le statut du cheval et pour l’enregistrement du médicament. Une application sera disponible à la rentrée. Plusieurs autres rappels de réglementation ont été faits lors de cette journée, par exemple : l’ordonnance accompagne la délivrance (et on ne régularise pas a posteriori), et la délivrance est réalisée obligatoirement par le vétérinaire.

Phytothérapie et aromathérapie équines

Philippe Ciantar, praticien dans le Calvados, a évoqué notamment les médicaments génériques : « Le médicament générique n’est pas identique au princeps, mais on ne peut pas dire qu’en général il n’est pas efficace. Il n’y a pas d’évidence de plus grande toxicité générale. Le vrai problème des génériques, c’est celui de la substitution. La bioéquivalence individuelle n’est pas connaissable. »

Notre consœur Isabelle Lussot-Kervern, responsable de la commission médecines non conventionnelles de l’Avef, a réalisé un tour d’horizon riche d’intérêt sur la phytothérapie et l’aromathérapie équines, pointant aussi les dérives possibles au niveau du grand public.

La première réalité est celle d’une forte demande sur le terrain. L’Ordre des pharmaciens a effectué une étude en 2011 : 63 % des Français font confiance à la phytothérapie, 45 % disent avoir confiance en son efficacité. « C’est un marché en plein développement, explique Isabelle Lussot-Kervern. La profession vétérinaire doit pouvoir conseiller ces élevages biologiques. Si vous ne prescrivez pas, les clients iront se fournir au magasin du coin, en pharmacie ou sur Internet. » Plusieurs autres réalités sont à prendre en considération : il y a une inquiétude des scientifiques et il existe des contraintes réglementaires en médecine vétérinaire. Enfin, s’ajoute la position de l’ANMV vis-à-vis de ces thérapies : l’automédication à visée thérapeutique avec des substances à base de plantes est interdite…

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