LFDay : tour d’horizon du futur de l’élevage connecté - La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 06/07/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1771 du 06/07/2018

ÉLEVAGE CONNECTÉ

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TIMOTHÉE AUDOUIN, AVEC CLOTHILDE BARDE  

Le 12 juin s’est tenu le congrès de La Ferme digitale (LFDay), dédié aux nouvelles technologies en agriculture et en agroalimentaire (AgTech). Zoom sur les idées innovantes qui présentent un intérêt pour les vétérinaires ruraux.

Avec l’organisation à Paris du congrès LFDay, l’association La Ferme digitale1 a tenté de répondre aux attentes des divers acteurs de l’agriculture de plus en plus concernés par l’essor du numérique et des nouvelles technologies en élevage.

Le “boom” de l’AgTech

Tous issus du monde agricole, les fondateurs de cette association avaient pour ambition, avec sa création en 2016, de « promouvoir l’innovation et le numérique pour une agriculture performante et durable ». Le choix d’organiser cette journée à la Cité des sciences et de l’industrie, haut-lieu de présentation des dernières grandes innovations scientifiques et industrielles, n’est pas anodin : l’AgTech, prend une importance de plus en plus décisive dans l’agriculture.

Si, pour certains, l’arrivée du numérique et des start-up fait peur, pour les organisateurs de cet événement, il s’agit d’une opportunité à saisir pour permettre à l’agriculture française de retrouver son prestige passé et de véhiculer une nouvelle image auprès des consommateurs. Cette arrivée du numérique est bien réelle, on constate depuis quelques années que les acteurs de ce secteur se multiplient et investissent pour le futur. En témoigne l’augmentation progressive, d’année en année, de la surface de l’espace “Agri 4.0” consacré par le Salon international de l’agriculture aux nouvelles technologies2. Et il en est de même à l’échelle mondiale : les montants investis dans ce domaine sont passés de 185 millions de dollars en 2008 à 10 milliards en 20173.

Des start-up multiples et innovantes

La journée a été l’occasion pour de nombreux jeunes acteurs de l’AgTech de présenter leurs projets, dont certains pourraient intéresser les vétérinaires dans leur pratique rurale. C’est le cas des capteurs intelligents longue portée permettant une surveillance à distance des paramètres zootechniques de l’élevage (via des alertes envoyées sur le portable), notamment proposés par la start-up Copeeks, par exemple, pour suivre les taux de NH3 et de CO2 en bâtiment et prendre des vidéos. De même, Exotic Systems analyse le bruit ambiant, les variations de lumière, les mouvements ; Pampaas surveille avec ses capteurs le fonctionnement des clôtures, le niveau d’eau des abreuvoirs ou la température du foin, de l’ensilage ou de la litière ; enfin, SomaDetect suit les paramètres du lait produit. Des systèmes d’analyse de données, utilisant les technologies de deep learning pour mieux interpréter les données ont aussi été présentés. Le collier pour vache de Lituus, qui détecte tout changement de comportement de l’animal mais aussi du troupeau, en est un exemple. Des sites de formation en ligne, comme Agriwebformation.com, qui propose des vidéos sur les techniques agricoles et la gestion d’exploitation, se multiplient aussi.

Enfin, des solutions de traçabilité pour les productions alimentaires, comme Panjee, qui collecte les informations tout au long de la chaîne de production, ou Connecting Food, qui utilise la blockchain pour auditer en temps réel et en continu les caractéristiques spécifiques et différenciantes des produits, sont ainsi disponibles actuellement.

Accompagner les changements

La journée de conférences a aussi été ponctuée de débats sur le bon usage de la data comme facteur de compétitivité et sur l’éthique de son utilisation. Dans le même temps, les méthodes d’accompagnements actuellement mises en place (incubateurs comme Le Village by CA, kickstarters comme Agri Nest, etc.) ont été évoquées.

L’arrivée du numérique s’apprête donc à bouleverser le jeu des acteurs traditionnellement implantés sur l’échiquier agricole. En quelques années, des start-up percent et prennent peu à peu position sur des poches de marché qui n’existaient pas jusqu’alors, ou pour lesquelles les acteurs traditionnels ne proposaient pas une offre satisfaisante aux yeux des agriculteurs. La profession vétérinaire saura-t-elle s’adapter ? Elle dispose probablement de grandes ressources, mais n’était pas représentée lors de cette journée.

1 lafermedigitale.fr.

2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1754 du 9/3/2018, pages 32 et 33.

3 Rapport AgFunder 2017 : bit.ly/2Khb2B0.

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