L’éternelle jeunesse de l’été

La base de loisirs de Cergy Pontoise (Val-d’Oise) est le personnage principal du nouveau long métrage de Guillaume Brac. Durant la saison estivale, de sa plage payante aux recoins plus sauvages, le réalisateur a filmé la communauté fourmillante des usagers et employés, creuset inattendu de cultures et de vitalité. Clos et surveillé, l’île de loisirs, paradoxalement, laisse la banlieue hors du champ et s’avère un territoire des possibles. « En fermant bien les yeux, on peut encore se croire au paradis terrestre », dit un des protagonistes. Terrain de drague et de transgression pour les uns, lieu de refuge et d’évasion pour les autres, l’imaginaire ici se réactive comme dans un royaume d’enfance. N’hésitant pas à susciter des situations pour mieux saisir la vie et la jeunesse qui déborde de ce microcosme, le documentaire cadre ce réel avec le frémissement de la fiction. Jetant des ponts souterrains entre tous ses fragments, le film dessine un monde plus vaste, solaire et intemporel, joyeux autant qu’élégiaque (car l’été finira). Commencé avec légèreté en suivant une bande de jeunes fraudeurs, il gagne peu à peu en profondeur quand, explorant les marges plus paisibles de cette nature aménagée, il va à la rencontre de familles immigrées (dont d’émouvants exilés afghans) qui, détendues, s’ouvrent à lui. À l’écart du tumulte du monde, elles n’en renvoient que mieux l’écho. Un trésor d’humanité que ce cinéma rend palpable, tout en esquissant l’utopie simple et fragile d’un vivre ensemble.
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L’Île au trésor de Guillaume Brac, France, 1 h 37, sortie le 4 juillet 2018.