Chasse au trésor - La Semaine Vétérinaire n° 1769 du 22/06/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1769 du 22/06/2018

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON 

L’évaluation de l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire donne l’occasion aux écoles de pointer du doigt certaines de leurs difficultés financières. Par exemple, en 2015, le rapport1 de VetAgro Sup signalait des boursiers en nombre croissant, dont les frais de scolarité n’étaient pas compensés par l’État, ayant laissé à la charge de l’école 129 844 € en 2011 et 229 177 € en 2012. À Oniris, le rapport2 de 2014 soulignait la baisse de 2 % des subventions entre 2011 et 2013, soit 105 000 €, alors même que l’école faisait face à une augmentation du nombre d’étudiants. Ces constats reflètent l’évolution voulue par l’État de l’attribution des financements pour l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, la tendance est d’encourager l’autonomie financière des établissements, invités à produire plus de ressources propres. Car, dixit le gouvernement3, le budget de l’État est en crise. Légitimant, de fait, un accompagnement plus difficile des évolutions nécessaires des écoles vétérinaires, notamment en matière de mises aux normes des locaux ou d’acquisition de matériels et d’outils pédagogiques innovants ? L’innovation justement, dont l’État exalte les mérites et que l’on pourrait voir comme le nouveau “messie” de l’éducation, aiderait-elle à améliorer l’apprentissage des étudiants, d’une manière plus économique ? Une économie sur le long terme, pourquoi pas. Sur le court terme, le développement des outils nécessite forcément des investissements, financiers, mais surtout humains. L’apport pour l’apprentissage reste, en revanche, encore à démontrer. Aujourd’hui, chaque euro dépensé par l’État rentre dans un processus de rationalisation, qui repose sur un retour sur investissement, avec chaque étudiant perçu comme un futur actif producteur de richesse. Dans cette logique financière, certains s’alarment d’une dérive vers la privatisation de l’enseignement. Ne voit-on d’ailleurs pas déjà les droits de scolarité augmenter un peu plus chaque année ? Pour l’année universitaire 2017-2018, ils s’élevaient, à taux plein, à 2 295 €, et dépasseront les 2 500 € pour l’année 2019-2020. Dans cette “chasse au trésor” où chacun, on l’espère, cherche la solution pour conserver un enseignement de qualité, la question centrale apparaît finalement comme celle de l’avenir du rôle de l’État dans l’enseignement supérieur. Ou plutôt de sa redéfinition. ●

1 bit.ly/2JEh0vj.

2 bit.ly/2t0F7du.

3 bit.ly/2lhT3eH.

Lire pages 34 à 39 de ce numéro.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr