Actualités dans le traitement des plaies - La Semaine Vétérinaire n° 1769 du 22/06/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1769 du 22/06/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX, MARIE-ALICE TROCHET 

De grands progrès ont été réalisés dans la gestion des plaies. Quelques actualités sur le sujet sont abordées ici, pour l’évaluation de la cicatrisation et le traitement.

L’échelle colorielle

L’évaluation clinique des plaies peut s’effectuer à l’aide d’une échelle colorielle. Elle est aisément intégrable dans le dossier et permet de suivre l’évolution de la plaie. Le principe consiste à prendre un rectangle qui va symboliser 100 % de la plaie. Après nettoyage de cette dernière, les couleurs sont placées sur ce rectangle.

Noir : la nécrose peut être humide ou sèche. La solution thérapeutique est le débridement chirurgical de la plaie.

Jaune : cela correspond plutôt à l’exsudat et à la fibrine. C’est un tissu adhérent, humide, qui devra être retiré. Il favorise la colonisation des germes. Il peut être éliminé par VAC® (vacuum assisted closure) thérapie ou par des pansements absorbants.

Rouge : s’il y a trop de tissu de granulation, cela va retarder l’épithélialisation. La thérapeutique consiste à remettre le bourgeon à plat et à limiter au maximum le mouvement.

Vert : cela correspond à l’infection, souvent associée à une mauvaise odeur et entourée d’un halo inflammatoire.

Rose : cela signe l’épithélialisation. C’est ce qui est recherché, mais c’est un tissu très fragile ; il convient donc de limiter tout produit agressif sur la plaie.

L’échelle colorielle est un outil, mais il présente l’inconvénient de ne représenter qu’une partie visible de la plaie. Son avantage réside dans l’évaluation de l’évolution de la lésion. Le procédé est simple à mettre en œuvre, et permet de faire prendre conscience au propriétaire de l’évolution de la blessure.

VAC® thérapie

La VAC® thérapie est à pression négative. Elle s’appuie sur un pansement étanche avec une mousse spécifique en regard de la plaie et une pompe à aspiration par intermittence. Le pansement est laissé en place entre 3 et 5 jours. Ensuite, une petite canule est posée pour permettre l’aspiration. Les difficultés sont de plusieurs ordres : les dispositifs disponibles en médecine humaine sont trop sensibles ; il est difficile d’étanchéifier le pansement en fonction de la localisation ; le coût des consommables (réservoir, mousse, pansement) est élevé.

Greffe de peau fine

En médecine humaine, la greffe de peau fine a été développée pour les grands brûlés, car il existe une possibilité de reprendre de la peau sur le site donneur toutes les 2 à 3 semaines. La peau est le meilleur pansement possible pour la cicatrisation des plaies.

Le principe consiste à obtenir un bourgeon lisse et homogène. Une fine épaisseur de peau est récupérée et fixée sur le bourgeon de cicatrisation. En humaine, il est possible d’insérer une plaque de substrat entre le bourgeon et la peau pour favoriser son implantation, mais c’est onéreux.

Pour effectuer ce type de greffe, il convient de disposer d’un appareil dédié, un dermatome, qui récupère une couche de peau ultrafine. Au niveau de la zone prélevée, la cicatrisation a lieu au bout de quelques jours et ce n’est pas douloureux. La difficulté de la technique chez le cheval est l’immobilisation du greffon. En outre, le cheval produit beaucoup de sécrétions, ce qui a tendance à nettoyer la greffe.

Laurent Brogniez Praticien équin à la clinique Desbrosse de Saint-Lambert-des-Bois (Yvelines). Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées annuelles de la SNGTV à Nantes (Loire-Atlantique), le 17 mai.

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