Tuberculose bovine : nouvelle étude épidémiologique sur le rôle des renards - La Semaine Vétérinaire n° 1767 du 08/06/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1767 du 08/06/2018

RECHERCHE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

La plateforme de surveillance épidémiologique en santé animale (ESA) vient de publier les résultats d’une étude menée en Dordogne en 2015 qui met une nouvelle fois en évidence la présence de renards infectés par la tuberculose bovine (Mycobacterium bovis) . Ces dernières données ont conduit les autorités à se poser la question du rôle joué par le renard roux dans l’épidémiologie de la maladie.

La tuberculose bovine (TB), causée principalement par Mycobacterium bovis, est une maladie zoonotique qui affecte principalement les bovins, mais aussi, dans certaines zones d’Europe, des espèces sauvages telles que le sanglier, le cerf élaphe et le blaireau. Le renard roux est aussi connu comme étant une espèce sensible, cependant il est actuellement considéré comme un cul-de-sac épidémiologique pouvant être infecté mais ne jouant qu’un rôle mineur dans la transmission.En effet, des études menées principalement dans les îles britanniques ont montré que seul un faible nombre de renards étaient infectés dans les régions où la prévalence de TB chez les bovins et les blaireaux était forte. Le renard roux ne fait donc pas partie actuellement des espèces visées par la surveillance nationale (Sylvatub).

De plus en plus de renards infectés en Europe

Par ailleurs, jusqu’à présent, le nombre de renards roux infectés, identifiés en France dans les régions où la tuberculose est endémique, était faible. Toutefois, au cours des dernières années, plusieurs études ont décrit la présence d’un grand nombre de renards roux infectés dans des régions enzootiques d’habitats méditerranéens, comme l’Espagne ou le Portugal (14 % et 26,9 %). Et en France, une étude récente, menée en 2015 en Dordogne, région où la tuberculose est endémique sur la faune sauvage et dans le bétail, a conforté ces résultats : sur six renards piégés, quatre se sont avérés infectés par la maladie.

De nouvelles données sur le dépistage de la tuberculose chez les renards

Dans cette étude, l’examen nécroscopique (nœuds lymphatiques des organes abdominaux et thoraciques des animaux) réalisé n’a pas révélé la présence de lésions. Les échantillons de tissus lymphatiques (nœuds lymphatiques rétropharyngiens, trachéobronchiques, médiastinaux et mésentériques) ont été soumis à une culture bactériologique, ainsi qu’à des analyses moléculaires. Des écouvillons d’urine de fèces et de sécrétions trachéobronchiques ont été réalisés, et l’ADN présent a été extrait. Quatre des six renards étudiés, provenant tous d’une commune située au cœur de la zone d’infection du nord de la Dordogne, se sont révélés positifs à la bactériologie pour M bovis spoligotype SB0120. Par ailleurs, la bactérie a été identifiée dans les selles de tous les animaux infectés. Et pour seulement l’un d’entres eux, dans les urines et le mucus oropharyngé. Ces derniers résultats suggèrent que la bactérie peut être excrétée de plusieurs façons possibles par l’animal. Enfin, comme dans certaines études réalisées auparavant, aucun des renards infectés ne présentait de lésions macroscopiques de TB.

Une menace sous estimée ?

Dans une autre étude de 2015, il a été montré qu’en Bourgogne (Côte-d’Or), région où la maladie a un fort taux de prévalence aussi bien en élevage que dans la faune sauvage, le renard roux est l’espèce sauvage la plus souvent rencontrée à proximité ou dans les bâtiments d’élevage. Il existe donc un risque réel que les renards roux interagissent avec les animaux d’élevage et il semblerait que leur rôle comme réservoir hôte de la bactérie ait été sous-estimé jusqu’à présent. Afin de le déterminer, une étude est actuellement en cours en Dordogne dans 25 communes situées autour de la zone d’où provenaient les renards infectés en 2015. Il s'agit plus précisément d'étudier la localisation d’éventuels autres renards infectés, la prévalence de l’infection, les caractéristiques de la pathologie dans cette espèce et les voies d'exposition et d'excrétion. Les résultats complets sont attendus dès la fin de l’année et pourront conduire à ajuster, le cas échéant, certaines mesures de gestion.

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