Un vétérinaire jugé pour trafic de drogue dissimulée dans des chiots - La Semaine Vétérinaire n° 1766 du 01/06/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1766 du 01/06/2018

ÉTATS-UNIS

ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA  

Andres Lopez Elorez est accusé d’avoir implanté chirurgicalement des capsules d’héroïne liquide dans l’abdomen de chiots pour en faire des “mules” pour le compte d’un cartel colombien.

Le bureau du procureur du district de New York a annoncé la comparution du vétérinaire Andres Lopez Elorez, âgé de 38 ans, devant le tribunal fédéral de Brooklyn le 1er mai après avoir été extradé d’Espagne, où il a été arrêté en 2015 au terme d’une cavale de près de 10 ans. Le chef d’inculpation est l’importation et la distribution d’héroïne aux États-Unis.

Son arrestation est le fruit d’une longue investigation menée par la Drug Enforcement Administration (DEA), l’administration américaine de lutte contre la drogue à New York et l’une de ses équipes sur le terrain en Colombie. En 2006, alors que 21 suspects ont été arrêtés, Andres Lopez Elores a réussi à s’échapper et à se cacher en Espagne où il était l’unique praticien vétérinaire dans la petite ville de Los Nogales. Avant de s’enfuir, le prévenu, né en Colombie mais qui revendique la nationalité vénézuélienne et n’aurait jamais reçu de formation officielle de vétérinaire, avait acquis une certaine notoriété grâce à un stratagème barbare qui transformait des chiots et des chiens en “passeurs” de drogue. Les enquêteurs pensent que le plan des trafiquants était de présenter ces animaux, principalement des pures races, tels que des labradors retrievers, comme des chiens destinés à des expositions canines aux États-Unis, afin de pouvoir passer sans problème les contrôles douaniers dans les aéroports américains.

« Des crimes impensables »

Il est difficile d’établir le nombre d’animaux qui ont été exportés avant que le trafic ne soit démantelé. « Au fil du temps, la soif inextinguible des trafiquants les pousse à commettre des crimes impensables, comme l’utilisation de chiots innocents pour dissimuler leurs drogues », a déclaré James J. Hunt, chef de la DEA. A priori, plusieurs chiots seraient décédés lors de ce processus. Au cours d’un raid mené dans une ferme de Medellín en Colombie, aménagée en clinique de fortune, les autorités avaient découvert une dizaine de chiots. Selon les procureurs, Elorez aurait cousu des paquets d’héroïne, d’environ 1 livre chacun, à la paroi abdominale de huit d’entre eux. Les responsables de la DEA ont indiqué que cinq des chiots se sont enfuis, trois sont morts d’infections consécutives à la chirurgie et deux ont été adoptés, parmi eux un rottweiler qui est devenu un chien renifleur de drogue pour la police colombienne.

Selon le procureur Richard P. Donoghue, du district est de New York, « Elorez n’est pas seulement un trafiquant de drogue, il a aussi trahi l’engagement d’un vétérinaire d’éviter la souffrance des animaux lorsqu’il utilisait ses compétences chirurgicales à des fins cruelles pour faire passer de l’héroïne dans l’abdomen des chiots. Les chiens sont le meilleur ami de l’homme et, comme le prévenu est sur le point de l’apprendre, nous sommes le pire ennemi des trafiquants de drogue ».

Elorez a été immédiatement incarcéré à son arrivée sur le sol américain, et le restera le temps de son procès. En cas de condamnation, il encourt une peine de prison allant de 10 ans à la perpétuité. Il a décidé de plaider non coupable. Son avocat a déclaré que son client n’avait aucun lien réel avec les États-Unis.

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