Que proposez-vous pour améliorer les conditions d’abattage des animaux ? - La Semaine Vétérinaire n° 1766 du 01/06/2018

La Semaine Vétérinaire n° 1766 du 01/06/2018

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Auteur(s) : SERGE TROUILLET

LE RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ANIMAL

Il est nécessaire de respecter et de reproduire le milieu type de l’animal. Une simple conformité aux réglementations pour disposer de tous les agréments requis ne suffit pas. S’il a été habitué à une aire paillée, il faut en tenir compte dans le transport, dans la bouverie et même dans les couloirs d’accès au poste d’abattage. Il évoluera alors dans un environnement qu’il connaît, qui ne génère pas de stress supplémentaire chez lui. Allez déplacer un cochon sur une aire en béton lorsqu’il n’en a pas l’habitude ! On limitera ainsi les accidents lors du chargement et du déchargement ; on favorisera l’attente en bouverie où, ayant à boire et à manger dans sa stalle, il sera calme. De même, sans bousculade dans les couloirs, il ne sera plus nécessaire d’utiliser l’aiguillon électrique, le seau de farine ou la boule de foin pour l’attirer. Les opérateurs doivent être en mesure de le comprendre et mieux formés à cet exercice. Leurs formations sont en effet souvent trop basiques ; elles n’intègrent pas suffisamment ce qu’il convient de savoir sur le stress de l’animal, sa bientraitance, de même que sur la qualité de la viande, affectée par une acidification liée au stress.
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Jacques Valancogne

LA PHYTOTHÉRAPIE ET UNE CONCEPTION ÉTHOLOGIQUE DES LOCAUX

Les abattoirs français seraient inspirés d’adopter massivement la conception éthologique des locaux de l’Américaine Mary Temple Grandin. Près de la moitié des abattoirs à bovins d’Amérique du Nord sont équipés du matériel qu’elle a conçu. Autiste, cette scientifique pense en effet “visuel”, comme les animaux. Elle a établi sa réputation sur sa capacité à trouver ce qui les effraie ou les empêche de se mouvoir. Ainsi, des matériaux antidérapants aux appareils de contention, en passant par l’aménagement des couloirs évitant aux animaux de voir quiconque, ses apports lui ont valu une renommée internationale¹. De telles dispositions dans les abattoirs doivent pouvoir réduire à moins de 25 % le nombre d’animaux subissant l’aiguillon électrique. Pour autant, sans attendre ces aménagements, l’utilisation de la phytothérapie, c’est-à-dire des plantes calmantes avant l’abattage, sera des plus efficaces. Notamment le “tivapa” (abréviation de tilleul, valériane et passiflore). Équilibrer ce mélange, le diluer dans l’eau miellée et verser le tout dans l’abreuvoir la veille et le matin de la mise à mort, permettront de rendre plus sereins les animaux lors des différentes étapes du processus d’abattage.
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¹ templegrandin.com.

Bernadette Brésard

DES AGENTS VÉTÉRINAIRES DÉDIÉS PAR DÉPARTEMENT

Il convient de renforcer les services vétérinaires de l’État dans le contrôle de l’abattage des animaux. Aujourd’hui, ils sont mobilisés en priorité sur son aspect sanitaire, par l’examen des carcasses. Ils le sont insuffisamment sur le volet protection animale, du transport jusqu’au poste de mise à mort. Ce que dénoncent des vidéos en caméras cachées diffusées sur les réseaux sociaux relève le plus souvent d’infractions à la réglementation. Le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation ne comporte pour l’heure qu’un volet sanction, mais rien sur les caméras vidéo de contrôle. Outre leur intérêt pour prouver la matérialité d’une infraction, elles peuvent avoir une fonction pédagogique. De plus, un inspecteur dédié par département, en embauchant le cas échéant des vacataires, répondrait à cette nécessité de contrôle régulier du poste de mise à mort sans entraîner une charge lourde pour l’État. Leur expertise et leur indépendance seraient un gage d’amélioration du fonctionnement des abattoirs. Reste que les opérateurs doivent parallèlement recevoir, en utilisant par exemple un abattoir pilote, une formation étoffée et surtout plus pratique.
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Jean-Pierre Kieffer