Le doigt et la lune - La Semaine Vétérinaire n° 1766 du 01/06/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1766 du 01/06/2018

Edito

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Mardi 29 mai, fin d’après midi à Paris. Le ciel est couvert. Des averses sont attendues. Ce jour-là à l’Assemblée nationale, non loin de l’agitation urbaine, se joue une pièce qu’on serait tenté d’appeler Le Monde à l’envers. Dans cette tragi-comédie, le vétérinaire doit (encore) démontrer qu’il n’est pas un mauvais élève. Eh oui, dans la vraie vie, quand le praticien se mobilise pour préserver les antibiotiques, sur la scène principale de la chambre basse, quelques députés tentent de faire voter des amendements qui lui interdiraient de prescrire des médicaments. L’argumentaire de ces députés pro-découplage est le même qu’en 2013 ou encore en 2015. Mathilde Panot, députée La France insoumise du Val-de-Marne, indique même, lors des débats, qu’un amendement a été travaillé avec l’association UFC-Que choisir. Voilà le tour de passe-passe : supprimer l’alinéa 2 de l’article L.5143-2 du Code de la santé publique sur fond de lutte contre l’antibiorésistance. Il s’agit d’un véritable coup tordu. Ses instigateurs feignent de ne pas mentionner l’implication active de la profession dans la réduction de l’antibiorésistance. Pourtant, le succès du premier plan ÉcoAntibio démontre encore qu’il n’y a aucun lien entre le couplage et la consommation excessive d’antibiotiques. Quid des médecins et des pharmaciens, qui peinent à suivre le rythme sur ce terrain ? Fort heureusement, cette tentative opportuniste, faite dans le cadre des débats sur le projet de loi post-EGA, s’est révélée infructueuse. Les amendements ont été retirés ou tout simplement rejetés. Pour Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, il n’est pas question de revenir sur le dispositif actuel. Il est surtout primordial de maintenir le maillage vétérinaire. Même son de cloche du côté de Jean-Baptiste Moreau, député et rapporteur du texte. Selon lui, ces amendements sont une « aberration complète ». Face à cette agitation stérile, il est temps que les partisans du découplage ajustent leur loupe d’horloger pour regarder la lune au bout du doigt du sage. ●

Lire pages 10 et 11 de ce numéro.

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