Manger du phoque

Le dernier film de Samuel Collardey accompagne la première année d’un enseignant danois au Groenland dans un hameau inuit de 80 habitants. La situation classique d’un jeune professeur inexpérimenté confronté à une classe d’enfants indisciplinés trouve ici un relief particulier avec l’énorme fossé culturel qui les sépare.

Le Groenland est un territoire autonome du Danemark et Anders, plein de bonnes intentions, se fait innocemment l’écho d’idées reçues, un brin surplombantes, qui ne suscitent que la défiance et le mépris des autochtones. D’abord déçu et esseulé, le Danois va finir par comprendre l’importance de s’adapter aux valeurs locales. Il apprend la langue, à conduire un traîneau à chiens et s’intègre peu à peu. Son apprentissage croise celui d’Asser, un de ses élèves, que ses tuteurs et grands-parents, derniers passeurs des savoirs ancestraux, préfèrent emmener à la pêche ou faire dépecer un phoque qu’envoyer à l’école. Interprété par des non-professionnels dans leurs propres rôles, ce film d’essence documentaire a néanmoins recours à des situations fictives (la mort du grand-père, par exemple, symbole de la disparition de la culture traditionnelle) comme pour mieux documenter le réel. Pour Nanouk l’Esquimau (1922), Robert Flaherty ne fit pas autre chose. Les vues sublimes de traîneaux glissant dans d’immenses paysages immaculés participent à la célébration de cette réalité insolite, froide et chaleureuse, que l’enseignant a choisi d’habiter et que le film nous fait toucher.
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Une année polaire de Samuel Collardey, avec Anders Hvidegaard, Asser Boassen, Thomasine Jonathansen, Gert Jonathansen, France, 1 h 34, sortie le 30 mai.