Le moustique tigre sous haute surveillance - La Semaine Vétérinaire n° 1765 du 25/05/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1765 du 25/05/2018

MALADIES VECTORIELLES

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Comme chaque année, les autorités sanitaires mettent en œuvre une surveillance renforcée en France continentale d’ Aedes albopictus , ou moustique tigre, pendant sa période d’activité, du 1 er mai au 30 novembre. En 2018, 42 départements sont concernés.

La Direction générale de la santé (DGS), du ministère des Solidarités et de la Santé, a publié la note d’information1 2018 relative à la surveillance du moustique tigre, Aedes albopictus, en France métropolitaine. Implanté depuis 2004, initialement dans le département des Alpes-Maritimes, il s’est progressivement propagé2 à tous les départements du pourtour méditerranéen et de la moitié sud de la France (carte). Des individus se sont également dispersés plus au nord comme en Île-de-France, en Vendée et dans le Bas-Rhin dès 2015, ou encore dans l’Aisne, l’Indre et le Maine-et-Loire dès 2017. Au 1er janvier 2018, 42 départements étaient colonisés. De fait, la surveillance vise deux objectifs : ralentir l’extension de son implantation, mais aussi limiter le risque d’importation et de circulation des virus. En 2010, des cas sporadiques de dengue et de chikungunya avaient été identifiés dans les départements des Alpes-Maritimes et du Var. Depuis 2014, plusieurs foyers de cas autochtones de maladies vectorielles transmises par Aedes albopictus ont été signalés : 11 cas de dengue dans l’Hérault en 2014, 7 dans le Gard en 2015 et 17 cas de chikungunya dans le Var en 2017. À noter que le réseau national de surveillance du moustique tigre existe depuis 1999.

Une surveillance entomologique dans les départements indemnes

Dans les départements non colonisés (niveau albopictus 0 ; tableau), la surveillance3 repose sur des dispositifs de piégeage dans des sites à risque élevé d’importation de l’espèce (aires de stockage des pneus usagés importés, aires de service d’autoroutes/ferroutage sur les axes routiers en provenance des zones et/ou pays infestés, etc.), ainsi que sur le recueil des signalements de particuliers, par les opérateurs de démoustication, le site Signalement-moustique.fr ou l’application smartphone I Moustique. Le dispositif de piégeage est un piège pondoir sentinelle. Il est constitué d’un seau noir (couleur attractive pour le moustique), rempli aux trois quarts d’eau tannique (eau ayant macéré trois jours avec du bois), et complété de petits morceaux de polystyrène flottant (lieu de ponte). Un quart de pastille d’insecticide Vectobac® DT est incorporé afin d’éviter toute production de nouveaux moustiques adultes. Chaque mois, les œufs collectés sont identifiés. Pour l’instant, 36 départements indemnes sont concernés par ces piégeages. À cette surveillance peuvent être associées des opérations de démoustication sur la voie publique ou chez les particuliers sur demande de la DGS lors de détection du moustique. Enfin, en cas de constatation d’une implantation durable, le département est classé en niveau albopictus 1, l’éradication du moustique étant alors considérée comme quasiment impossible4. Ainsi, à la suite de la surveillance 2017, 9 nouveaux départements sont montés au niveau 1.

Un arrêté préfectoral pour les départements colonisés

Parmi les départements de niveaux 1 et supérieurs3, un arrêté préfectoral définit chaque année les zones de lutte, ainsi que les mesures à y mettre en œuvre. Ici, « la surveillance entomologique a pour objectif de délimiter la zone colonisée connue, d’estimer la densité des vecteurs et de suivre l’efficacité des actions de contrôle et de prévention ». Les piégeages permettent aussi de pouvoir caractériser tout nouveau moustique invasif autre qu’Aedes albopictus. Dans ces départements, les opérations de démoustication sont réalisées dans l’environnement des cas suspects, probables et confirmés de chikungunya et de dengue, sur demande de l’agence régionale de santé, autour des établissements de santé, et lors d’un contexte épidémique.

1 bit.ly/2rYzGLp.

2 bit.ly/2IBEzAt.

3 bit.ly/2kd9qbQ.

4 Jusqu’à présent, aucun département classé au niveau 1 n’est repassé en niveau 0a ou 0b.

Source : Invs.santepubliquefrance.fr (bit.ly/2rZCS9T).

NOTIFICATION DES CAS HUMAINS

La surveillance épidémiologique passe aussi par la notification obligatoire des cas humains de dengue et de chikungunya confirmés biologiquement à la plateforme régionale de veille et d’urgence sanitaires de l’agence régionale de santé. Dans les départements de niveaux 1 et supérieurs, tout cas suspect de dengue, de chikungunya ou de zika chez des personnes de retour depuis moins de 15 jours d’un séjour en zone de circulation de ces virus doit être signalé, sans attendre de confirmation biologique, l’objectif prioritaire étant une « détection précoce de tout cas suspect cliniquement ».

QUEL RISQUE POUR LES ANIMAUX DE COMPAGNIE ET LA FAUNE SAUVAGE ?

Le moustique tigre présente-t-il une menace pour les animaux domestiques et sauvages ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre une thèse1 bibliographique vétérinaire de 2012. On peut ainsi y lire que la « compétence vectorielle d’Aedes albopictus pour Dirofilaria immitis a été démontrée au laboratoire au Japon, aux États-Unis et en Italie »et que « de l’ADN deD. immitisa été retrouvé dans des moustiques collectés sur le terrain ». Pour autant, il reste toujours à prouver la capacité vectorielle du moustique dans des conditions naturelles à transmettre le pathogène.

1 bit.ly/2s46F02.
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