Le marché illicite en croissance - La Semaine Vétérinaire n° 1765 du 25/05/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1765 du 25/05/2018

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Un rapport estime que les trafics illicites de médicaments vétérinaires dans le monde représenteraient 1 à 2 milliards de dollars par an.

L’association mondiale des médicaments vétérinaires HealthforAnimals vient de publier son premier rapport sur le trafic illégal de médicaments vétérinaires dans le monde1. Selon elle, toutes les régions du monde sont concernées par cette problématique, mais à une échelle différente. Elle note en effet que les modes de diffusion de médicaments vétérinaires illicites varient selon les pays. Les sites web douteux, les réseaux sociaux, les sites de e-commerce ou encore des vendeurs ambulants en sont les principaux vecteurs. « Ces produits contrefaits, falsifiés et non enregistrés nuisent aux animaux et diminuent la sécurité alimentaire, tout en augmentant le risque de zoonoses et de résistance aux antimicrobiens », indique HealthforAnimals. L’association estime que le marché illicite est en croissance, créant une perte annuelle globale de 1 à 2 milliards de dollars pour les fabricants de médicaments légitimes.

Lutter contre la vente en ligne frauduleuse

Selon HealthforAnimals, dans des zones telles que les États-Unis, le Canada, l’Union européenne (UE), l’Australie ou encore la Nouvelle-Zélande, les médicaments vétérinaires qui font le plus l’objet de trafic sont ceux destinés aux animaux de compagnie (équidés, chats, chiens). Aux États-Unis et au Canada, il s’agit des antiparasitaires internes. Ce sont principalement des produits vétérinaires contrefaits, falsifiés ou ne bénéficiant pas d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) qui ont été signalés. Le rapport note également que la fourniture en vrac d’antiparasitaires pour animaux de compagnie est une problématique particulièrement inquiétante aux États-Unis et au Canada. Ces produits sont en effet de plus en plus proposés sur des pharmacies en ligne non agréées par les autorités compétentes ou encore sur d’autres sites de e-commerce (par exemple eBay ou Amazon) et plus récemment via les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.). En France, aucun médicament vétérinaire contrefait n’a été détecté. La vente en ligne de spécialités non soumises à prescription y sera encadrée par le projet de règlement européen sur le médicament vétérinaire actuellement en discussion. Celui-ci devrait limiter les trafics illicites. Il permettra en effet aux états membres d’interdire la vente de médicaments soumis à prescription tels que les antibiotiques et les vaccins. L’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) – adossée à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) – devrait également publier sur son site la liste des pharmacies en ligne autorisées.

Pénaliser les trafics illégaux

Le rapport note aussi que la fourniture de médicaments vétérinaires soumis à prescription, destinés aux animaux de compagnie, se développe particulièrement sur des sites internet illégaux, notamment en Amérique latine (par exemple au Brésil), en Asie (entre autres en Chine, en Inde et en Thaïlande) et en Afrique (par exemple en Afrique du Sud et subsaharienne). Par ailleurs, l’organisme constate que les réglementations pour réduire l’antibiorésistance ne sont pas homogènes. Les éleveurs de l’UE s’impliquent plus efficacement et réduisent leurs recours aux antibiotiques. En revanche, pour la majorité des éleveurs des pays en développement, le respect de la réglementation visant une utilisation raisonnée des antibiotiques est beaucoup moins répandu. Le rapport note en effet que le cadre réglementaire y est moins consolidé, ce qui favorise la contrefaçon et la falsification de produits vétérinaires, dont des antibiotiques, des antiparasitaires ou encore des autovaccins pour les animaux de rente. Pour lutter contre ces trafics, HealthforAnimals milite pour une meilleure sensibilisation des parties prenantes, dont les vétérinaires, sur cette problématique. Elle recommande également une mobilisation des laboratoires, qui sont invités à faciliter l’identification des médicaments illicites. Elle encourage la création d’un logo permettant de reconnaître les cyberpharmacies agréées et la pénalisation des trafics illégaux. Dans ce domaine, la convention Médicrime, dont la France est signataire, est entrée en vigueur au 1er janvier 2016. Destiné à lutter contre la contrefaçon de médicaments y compris vétérinaires, ce texte introduit des sanctions pénales, mais aussi des mesures de prévention et de protection des victimes. Il s’agit du premier instrument international juridiquement contraignant qui érige en infraction pénale la contrefaçon, la fabrication et la distribution de produits médicaux mis sur le marché sans autorisation ou en violation des normes de sécurité.

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